Logistique : comment CMA CGM s’adapte à la crise
Alors que le fret maritime reste modérément touché par la crise liée au coronavirus, l’armateur français a développé l’entreposage et le fret aérien.
Le secteur maritime a bien résisté à la première vague du Covid-19. C’est ce que semblent confirmer les chiffres, communiqués au soir du 5 juin dans ses locaux de Marseille, par CMA CGM, pour les trois premiers mois de cette année.
Le ralentissement du commerce mondial a bien provoqué une contraction de 4,6 % des volumes conteneurisés transportés par le quatrième armateur mondial lors du premier trimestre, mais la baisse du chiffre d’affaires reste contenue à 3 % par rapport à la même période en 2019, à 7,19 milliards de dollars. Cette tendance est plus accentuée sur la branche maritime du groupe, en recul de 3,3 %, avec un chiffre d’affaires de 5,52 milliards de dollars, suite à la fermeture des usines en Chine en mars et avril, tandis que les activités logistiques de sa filiale Ceva ont progressé de 0,6 %, à 1,71 milliard de dollars.
Des résultats qui démontrent, selon les responsables de CMA CGM, « la complémentarité entre les branches logistiques et maritimes du groupe ». Ils confirment au moins ses nouvelles capacités d’adaptation puisque c’est grâce à l’augmentation de ses activités dans l’entreposage et le fret aérien qu’il a pu compenser une partie de la baisse de ses flux maritime. « Le groupe a su ajuster les capacités de sa flotte tout en maintenant l’acheminement des biens et produits essentiels, notamment médicaux, par de véritables ponts logistiques », explique la compagnie qui a notamment intensifié les charters aériens pour assurer la continuité des chaînes d’approvisionnement de ses grands clients industriels.
Premiers effets d’une politique de réduction des coûts
Malgré le contexte morose, CMA CGM voit sa performance opérationnelle s’améliorer. Son Ebitda augmente de 25 % pour dégager une marge en progression de 3 points par rapport au premier semestre 2019, permettant au résultat net du groupe d’afficher un bénéfice de 48 millions de dollars, soit 170 millions de plus qu’au quatrième trimestre 2019. Pour les responsables du groupe, ces performances sont les premiers effets comptables du plan de réduction des coûts mis en place depuis 2019 pour réduire le poids de la dette financière de la compagnie, estimée à 17,8 milliards de dollars et lui redonner un peu de trésorerie.
CMA CGM est en train de céder dix de ses terminaux pour un apport en numéraire de 815 millions de dollars qui explique en bonne partie le retour aux bénéfices. L’armateur compte sur cette politique de maîtrise des coûts pour traverser un premier semestre qui s’annonce chaotique, avec « une réduction des volumes de l’ordre de 10 % », estime son président, Rodolphe Saadé. Il sait aussi compter sur le soutien de ses partenaires financiers, HSBC, BNP Paribas et Société générale, qui viennent de lui octroyer un prêt de 1,05 milliards d’euros, garanti à 70 % par l’État français.
Retrouvant un peu de marge de manœuvre en même temps que des liquidités, CMA CGM n’a rien perdu de ses ambitions. Le groupe entend toujours accélérer sa transition énergétique et vient d’annoncer le 2 juin, viser la neutralité carbone pour 2050. Une manière de montrer que la compagnie « est parée pour relever les grands défis à venir », selon Rodolphe Saadé.
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