Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 23 août 2004 Lecture : 5 minutes.

Maroc : des islamistes conséquents
Lectrice assidue de J.A.I., je grince des dents à chaque fois que j’y lis un article relatif aux islamistes marocains. J’ai l’impression que J.A.I. reproduit le point de vue d’une catégorie qui veut passer, aux yeux de l’Occident, pour des martyrs de la démocratie et de l’émancipation de la femme, au détriment de toute logique. Exemple : vous avez voué aux gémonies les déclarations d’Ahmed Raissouni, figure de proue du Parti de la justice et du développement (PJD). Mais quand il s’agit de « juger » les propos d’une personne, il faut avant tout considérer son référentiel idéologique. Ce monsieur est conséquent, au niveau du discours au moins, avec son idéal religieux. Quand il dit qu’il faut interdire les festivals parce que ceux-ci sont un terreau pour la débauche, il ne fait que donner un constat du point de vue islamique. Allez voir vous-mêmes ce qui se produit en marge du festival d’Essouira par exemple : drogue, prostitution, etc. Les détracteurs de Raissouni ont le droit de critiquer sa vision, mais il doivent alors reconnaître qu’ils critiquent, de ce fait, l’islam. Et qu’ils arrêtent de rabâcher ce discours hypocrite selon lequel l’islam est une belle religion d’ouverture et de démocratie prise en otage par des obscurantistes islamistes ! C’est de la schizophrénie.
Tasbor Tsoul
Rabat, Maroc

Le Nord malien n’est pas oublié
Dans J.A.I n° 2269, Moustapha Dahi se demandait « À qui profitera le pétrole malien ? ». La réponse est simple : le pétrole malien profitera à tout le peuple malien. Contrairement à ce que M. Dahi affirme, le Sud malien n’a jamais été privilégié par rapport au Nord. Bien au contraire. En 1982, alors que j’étais médecin à Gao, j’ai visité le Grand Nord malien. Je suis allé à Ménaka, Andéramboukane, Tidarmène et Inékar, des localités situées à près de 1 400 km de Bamako. C’étaient les seules agglomérations sédentaires du cercle de Ménaka, vaste de 120 000 km2. Tidarmène et Inékar avaient chacune moins de 100 habitants à l’époque. Et pourtant, l’État malien y avait mis en oeuvre des services sociaux de base – école et dispensaire. En outre, des associations de développement y travaillaient d’arrache-pied pour la réinsertion socio-économique des pasteurs nomades dont le cheptel avait été décimé par la sécheresse de 1973-1974. À la même période, dans le Sud, on comptait des centaines de villages de plus d’un millier d’habitants qui n’avaient ni écoles, ni dispensaires, ni aucun projet de développement. À la même époque, le paysan de ce même Sud payait des impôts cinq fois plus élevés que l’habitant du Nord. Il apparaît donc que le Sud, à cause des très relatives richesses naturelles qu’il possède, fait acte depuis 1960 d’une belle solidarité qui a contribué à la constitution d’une nation. Mais un État pauvre comme le Mali ne peut pas, du jour au lendemain, transformer un désert en éden.
Abdoul Traoré-Diop
Bamako, Mali

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Somaliland : « terra incognita »
De mauvaises raisons sont invoquées pour retarder la reconnaissance du Somaliland, pays de 130 000 km2 (plus grand que le Portugal) et de 3,8 millions d’habitants. Malgré les demandes réitérées auprès des Nations unies et de l’Union africaine (et de l’ancienne OUA), ces dernières refusent encore la reconnaissance à ce pays au prétexte de l’intangibilité des frontières. Pourtant, cette frontière existait bien jusqu’en 1960, date de l’indépendance du British Somaliland et de la Somalie italienne. En outre, la nouvelle République de Somalie qui, après réunification de deux pays, a adhéré en 1963 à l’OUA, a refusé de signer le paragraphe 3 du chapitre II portant sur l’intangibilité des frontières. Elle signifiait là son désir de récupérer les parties somaliennes toujours sous occupation étrangère. Aujourd’hui, Mogadiscio invoque ce même argument de l’intangibilité des frontières ! Pour qu’un pays soit reconnu par les Nations unies, il faut que le Conseil de sécurité le veuille bien, ou qu’éventuellement un pays voisin le parraine. Pour ce qui est du Somaliland, ce pays est victime d’ostracisme. Que faire lorsque les Nations unies refusent d’appliquer leurs propres règles, que l’UA a peur d’ouvrir la boîte de Pandore, que l’Éthiopie préfère une Somalie divisée, que le Kenya, qui a un problème de frontière avec la Somalie, préfère rester dans l’expectative, et que Djibouti craint d’encourager la sécession des Afars ? Dans tous les cas, ce sont de mauvaises raisons pour ne pas appliquer le droit international. Elles n’ont guère gêné les pays baltes et d’autres pays pour obtenir leur reconnaissance.
Galéry Gourret-Houssein
Ancien représentant du Somaliland en France

Comment sauver l’Afrique
Je souhaiterais réagir à l’article de Jeffrey Sachs intitulé « Comment sauver l’Afrique » (J.A.I. n° 2271). Il a raison lorsqu’il parle de l’insuffisance de l’aide des pays du Nord au développement de l’Afrique. Cependant, le trop grand apitoiement des experts, humanitaires et autres ONG sur le sort du continent ne fera qu’endormir les Africains. À mon avis, toute contribution sincère et efficace pour le développement de l’Afrique doit plutôt proposer les moyens par lesquels les Africains vont eux-mêmes déclencher leur propre développement. Il faut demander à nos gouvernants d’être un peu plus sérieux, d’avoir un minimum d’estime pour leurs peuples, et surtout de lutter contre la corruption et l’incompétence qui coûtent à nos économies plus que l’équivalent de l’aide au développement apportée par les pays développés. Sans cela, nous serons encore là dans plusieurs décennies à déplorer l’indifférence des autres à notre développement…
O. T.
Kayes, Mali

Aidons le coton africain
Le coton africain est généralement produit dans de petites exploitations agricoles en parallèle des cultures vivrières. C’est un des rares produits d’exportation qui ne se fasse pas au détriment de l’autosuffisance alimentaire. Son effet d’entraînement sur l’économie africaine est cependant freiné par la concurrence des agricultures subventionnées et plus polluantes des pays du Nord. Que se soit par solidarité, parce que cette situation est injuste ou simplement par intérêt de citoyen, nous pouvons agir en privilégiant les produits utilisant du coton africain. Dans le secteur de l’habillement et de la décoration, il existe un marché potentiel pour ces produits à valeur ajoutée environnementale, sociale et culturelle.
Jean-Paul Vanhoove
France

Un avionneur fait… des avions
À la page 52 du J.A.I. n° 2271, en bas de la première colonne, on peut lire : « … une stratégie d’ouverture limitée des liaisons aériennes du pays aux avionneurs étrangers ». Ce qui me fait réagir, c’est l’utilisation à contresens du mot avionneur. L’avionneur est le constructeur d’un avion. L’utilisateur est une société de transport souvent appelée « compagnie aérienne » dans un raccourci curieux. Ce sont deux métiers tellement différents qu’il n’existe aucun exemple d’association de ces activités dans une structure unique. Boeing, Dassault, Airbus, entre autes, sont des avionneurs et le ciel algérien n’est « ouvert » qu’aux transporteurs comme Air Algérie. Ce n’est pas du pinaillage, car un puriste dira même que l’avionneur ne peut pas faire un avion : il ne fabrique que la cellule ; il lui faut l’aide indispensable d’un motoriste et d’équipementiers. De fait, depuis cinquante ans il n’y a plus d’avionneur qui soit motoriste ou vice versa, mais la dénomination est restée.
M. Baillet
Villegusien, France

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