Un gendarme, deux seaux et quelques crabes

Publié le 23 août 2004 Lecture : 2 minutes.

J’ai une anecdote à vous raconter, mais je n’en comprends pas moi-même la signification. Ce n’est pas grave ? Ça ne vous dérange pas ? Bon, eh bien, allons-y.
Je me trouvais hier sur la plage de Gruissan, pas loin de Narbonne, en France ( je précise en France parce que L’intelligent est international et il y a peut-être des Narbonne un peu partout dans le monde ). Bref, me voilà sur la plage où, après avoir fini les mots croisés du Midi-Libre, je vais à la chasse aux crabes. J’en ai bientôt quelques beaux spécimens qu’il serait intéressant, me dis-je, d’étudier plus à loisir. Un ferblantier tient boutique pas loin des flots bleus, il consent à me vendre deux seaux multicolores que je vais remplir d’eau de mer pour y mettre mes petits crabes.

Jusque-là tout va bien, et j’espère que vous ne vous êtes pas endormis ( c’est vrai qu’il fait chaud ).
Mais voilà que surgit un gendarme alors que je me dirige vers la maison que j’ai louée dans le vieux village de Gruissan. Et le gendarme m’accoste.
– C’est quoi, ça ?
Il désigne les deux seaux multicolores. Je joue franc-jeu :
– Deux seaux avec de l’eau dedans et des petits crabes.
– C’est de l’eau de mer ?
– Tout à fait.
– Vous avez la permission ?
Devant mon air ahuri, la force publique m’explique qu’en France, pour puiser de l’eau de mer, il faut en faire la demande officielle aux Douanes et à la Direction départementale des ponts et chaussées. Ayant négligé de faire cette démarche, je me trouve dans l’illégalité la plus totale.
J’essaie d’amadouer le gendarme « à la maghrébine ».
– Écoute, mon frère, on va pas se fâcher pour deux litres d’eau salée alors qu’il y en a là ( geste ) plus d’un million de milliards de mètres cubes qui n’appartiennent à personne.
Le pandore reste inflexible.
– Je ne suis pas votre frère et je dois faire respecter le règlement. Puisque vous n’avez pas d’autorisation, je confisque l’eau.
– Mais les seaux sont à moi !
– Dans ce cas, versez l’eau dans le caniveau et n’en parlons plus.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Les crabes en ont profité pour prendre leurs jambes à leur cou, ce qui, d’un point de vue anatomique, est quand même un exploit.

la suite après cette publicité

Questions : verser de l’eau dans le caniveau est-il plus rationnel que de la laisser dans deux seaux ( multicolores ) ? La France est-elle superbement administrée ou nage-t-on dans la folie la plus complète ? Devons-nous ( nous, les sous-développés ) prendre comme exemple ce fonctionnaire droit dans ses bottes ou devons-nous rester joyeusement j’m’en-foutistes ?
Franchement, je n’en sais rien.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires