Sharon vote Bush

Publié le 23 août 2004 Lecture : 3 minutes.

Le Premier ministre israélien Ariel Sharon cause du souci à l’équipe du candidat démocrate à la Maison Blanche, John Kerry. Non pas à cause des assassinats ciblés de militants palestiniens ou de la clôture de sécurité, mais à cause de la sympathie affichée de Sharon pour George W. Bush. Celui que le président américain a qualifié d’« homme de paix » a répondu en disant qu’il voyait en Bush « un dirigeant courageux du monde libre dans la guerre contre le terrorisme ». Le numéro deux du gouvernement israélien, Ehoud Olmert, est même allé plus loin en affirmant que « les juifs américains préfèrent Bush ».

L’enjeu n’est pas l’avenir de Yasser Arafat, mais celui de John Kerry. Contrairement aux déclarations d’Olmert, les juifs américains ont plutôt voté, dans le passé, en faveur du candidat démocrate. John Kennedy remerciait publiquement, autrefois, « les juifs new-yorkais qui l’avaient élu ». Mais précisément, un glissement de l’électorat juif en faveur de Bush pourrait peser sur les résultats dans des États clés comme la Floride, qui fit pencher la balance en 2000, ou la Californie. Or l’issue du scrutin de novembre s’annonce très serrée.
La communauté juive aux États-Unis compte 6 millions de personnes. C’est un million de plus qu’en Israël. En 2000, Bush avait rassemblé 19 % de cet électorat. Ses conseillers espèrent qu’en 2004 il fera aussi bien que Ronald Reagan, qui, en 1980, avait atteint les 36 %.
Pour l’instant, on n’en est, du côté démocrate comme du côté israélien, qu’aux formulations prudentes. James Rubin, le conseiller numéro un de Kerry en politique étrangère, a déclaré récemment au quotidien travailliste Ha’aretz : « Nous espérons que maintenant que John Kerry est officiellement candidat, après l’investiture de la convention, les relations avec Sharon vont se renforcer, et que l’on peut envisager des conversations et de possibles rencontres à l’avenir. » Il a affirmé qu’il n’y avait aucune tension entre Kerry et Jérusalem : « Bien qu’il y ait de nombreux démocrates juifs qui aient des points de vue très différents, je peux déclarer officiellement que nous avons des relations de travail très étroites et très normales avec le gouvernement Sharon. »

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Cameron Kerry, le frère de John, qui s’est converti au judaïsme (voir pp. 28-29), a fait un court séjour en Israël à la mi-juillet. Il a rencontré des personnalités de tous bords et de tous les milieux. Dans une interview à Ha’aretz, il a indiqué que son frère « avait toujours affirmé clairement que la sécurité d’Israël passait avant tout et que l’État hébreu devait avoir les moyens de se protéger ». Il a été reçu par Sharon, mais aucune photo de la rencontre n’a été autorisée pour qu’elle ne soit pas utilisée dans la campagne présidentielle.
L’ambassadeur d’Israël à Washington, Danny Ayalon, a pris soin, de son côté, d’affirmer à deux conseillers de John Kerry, Rand Bears et Mel Levin, qu’Israël resterait « absolument neutre » pendant cette campagne. Pour lui, « la première mission de l’ambassade aujourd’hui est de préserver le fort soutien accordé à Israël par les démocrates comme par les républicains ».
Pour parer à toute éventualité, un groupe de travail a été mis en place au ministère israélien des Affaires étrangères. L’hypothèse de travail est que quel que soit l’occupant de la Maison Blanche, la politique des États-Unis à l’égard d’Israël devrait changer, car Washington sera amené à tenir compte des positions de l’ONU, de l’Union européenne et de la Russie.

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