Sassou défend son bilan
Palais du Parlement de Brazzaville, le 11 août 2004, fin de matinée. Les chaussures sont cirées, les costumes et les tailleurs sont impeccablement repassés, les cravates nouées au plus près : députés, sénateurs, membres du gouvernement, ambassadeurs et chefs de missions diplomatiques sont tous réunis pour écouter le discours du président sur l’état de la nation.
Denis Sassou Nguesso renouvelle cet exercice, emprunté à la Constitution américaine, qui consiste à passer en revue toutes les grandes questions nationales. Une occasion aussi de promouvoir son bilan, ce que n’a pas manqué de faire le chef de l’État : « Le Congo se porte de mieux en mieux… » Avant d’évoquer le processus de pacification en cours, le renforcement de la démocratie, l’émergence de la société civile, la lutte contre la corruption, la décentralisation, les grands chantiers, le développement économique…
« On ne peut nier les efforts du chef de l’État pour consolider la paix au Congo et dans les pays limitrophes ainsi que pour diversifier l’économie, explique le correspondant d’un grand média étranger installé à Brazzaville. Néanmoins, beaucoup reste à faire. » Le processus de pacification est encore très fragile dans un pays dévasté par deux guerres civiles depuis la fin de 1993. Les deux principaux opposants, l’ex-président Pascal Lissouba et l’ancien Premier ministre Bernard Kolélas, se trouvent toujours en exil. Par ailleurs, le désarmement des ex-combattants se fait au compte-gouttes, le chef de la rébellion, Frédéric Bitsangou, plus connu sous le nom de « pasteur Ntoumi », reste terré à Vanza, au coeur de la province du Pool, et ne contrôle plus vraiment ses jeunes miliciens. Si bien que les associations humanitaires éprouvent des difficultés à travailler dans cette région.
« Les indicateurs sociaux ne cessent de se détériorer », explique Roger Bouka Owoko, directeur exécutif de l’Observatoire congolais des droits de l’homme. Près de 70 % des Congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté et l’espérance de vie n’est que de 48,5 ans.
Sur le plan économique, les recettes de l’État, bien qu’en augmentation grâce, notamment, à la bonne tenue des cours du pétrole, ne suffisent plus à assurer les dépenses de reconstruction et de développement. D’autant qu’une partie des revenus pétroliers est gagée, ce qui hypothèque les ressources à venir.
Il est donc vital pour le président que son pays accède à l’initiative de réduction de la dette. Évaluée à plus de 6,5 milliards de dollars, elle absorbe près de 60 % des ressources budgétaires consacrées aux remboursements. Une mission du Fonds monétaire international (FMI) est à Brazzaville depuis le 9 août pour faire le point sur la réalisation des engagements du pays en termes de réforme économique et de bonne gouvernance ainsi que sur le niveau d’exécution du budget de l’État. Brazzaville a donné des gages de bonne volonté en matière de transparence de gestion de la filière pétrolière. Mais il doit encore faire des progrès pour formaliser les circuits financiers dans le secteur des diamants, le pays ayant été accusé, en mai dernier, d’alimenter le marché international des gemmes de contrebande. Une situation à laquelle le chef de l’État a promis de remédier.
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