Requiem pour W.

Publié le 23 août 2004 Lecture : 2 minutes.

«Comme beaucoup d’autres, après les attentats du 11 septembre 2001, j’ai profondément ressenti l’unité du pays. Je n’ai pas le souvenir d’avoir connu quelque chose de semblable. J’ai soutenu la décision d’intervenir en Afghanistan, et j’ai espéré que la gravité des temps apporterait force, humilité et sagesse à nos dirigeants. Au lieu de cela, nous avons plongé tête baissée dans une guerre inutile en Irak, sacrifiant les vies de nos jeunes hommes et de nos jeunes femmes, dans des circonstances aujourd’hui contestées. » Ainsi s’exprimait le chanteur Bruce Springsteen – surnommé « le Boss » – dans une tribune publiée le 5 août par le New York Times. On savait Hollywood, à quelques notables exceptions près, prompt à se prononcer en faveur des démocrates. Mais, depuis quelques années, l’engagement des chanteurs semblait passé de mode. Plus que la personnalité du candidat John Kerry, ce sont les choix de l’administration Bush qui ont convaincu nombre d’entre eux de s’exprimer et de se prononcer pour un « vote en faveur du changement ».
En mars 2003, le groupe R.E.M. avait lancé le mouvement en diffusant sur son site Internet une chanson contre la guerre en Irak. Au mois d’octobre, ce sont plus de 20 artistes qui organiseront 34 concerts, dans 28 villes et 9 des 17 États où les résultats du vote du 2 novembre demeurent encore incertains. À savoir les Swing States : Floride, Iowa, Ohio, Pennsylvanie, Minnesota, Missouri, Michigan, Caroline du Nord et Wisconsin. Parmi les artistes regroupés sous le label « Vote for Change », on citera non seulement le Boss et son E. Street Band, mais aussi Pearl Jam, R.E.M., Dave Matthews Band, the Dixie Chicks, John Mellencamp, Jackson Browne, Keb’Mo’, Ben Harper, John Fogerty, Jurassic 5, Babyface, etc. (www.vote4change.net). Leur déclaration commune commence ainsi : « Vote for Change est une large coalition de chanteurs unis par une seule idée – la nécessité de changer la direction de notre pays. Nous croyons que cette élection est la plus importante de notre vie. Nous nous battons pour un gouvernement ouvert, rationnel, juste et progressiste. Et nous avons l’intention d’être entendus. » Selon Mellencamp, l’initiative n’est pas antirépublicaine : « S’il y avait un démocrate à la Maison Blanche et que les choses se passaient ainsi, nous agirions de même. »
Les bénéfices récoltés lors des concerts présentés par le comité d’action politique MoveOn PAC seront reversés à l’ACT (America Coming Together), une association opposée à la réélection de George W. Bush et qui a déjà réuni plus de 27 millions de dollars. Mais pour beaucoup d’analystes, si les célébrités parviennent facilement à lever des fonds, elles ont en revanche peu de chances d’influer sur le vote des indécis. Certains fans n’apprécient guère les sermons politiques de personnes dont le salaire et le style de vie sont bien supérieurs à ceux de l’Américain moyen. Et l’industrie du disque l’a bien compris. Les producteurs conseillent souvent de ne pas abuser de la provocation. Pour Elton John, « il y a une atmosphère de peur, aujourd’hui, en Amérique, et c’est dangereux. Tout le monde est obsédé par sa carrière. Tout le monde est effrayé… Les choses ont changé. » Soit. Mais la chanteuse Linda Ronstadt a, elle, relancé sa carrière en se faisant virer de l’Aladdin de Las Vegas à la fin d’un concert pour avoir loué le film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11.

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