La magie noire de l’UEMOA

Seidik Abbas est rédacteur en chef à « Jeune Afrique ».

Seidik Abbas. © Vincent Fournier pour J.A.

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Seidik Abba © DR

Publié le 29 mai 2014 Lecture : 2 minutes.

Vingt ans après sa création, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) affiche un bilan en demi-teinte. L’organisation sous-régionale apparaît comme la plus aboutie des 42 structures de coopération inter-États recensées en Afrique de l’Ouest. Dans cette zone, la libre circulation des personnes et des biens reste un vieil acquis à entretenir sans relâche.

Exemples. Depuis des années, un Sénégalais peut circuler en bus de Dakar à Niamey avec pour seul papier pour être en règle sa carte d’identité nationale. Autre fait significatif : une disposition communautaire sur « la liberté d’établissement » autorise un médecin ivoirien à venir s’installer à Lomé pour soigner (et sauver !) des Togolais. Bref, une kyrielle d’avancées salutaires au service d’un édifice institutionnel efficace organisé autour d’une Commission, d’une Cour de justice, d’une Chambre consulaire et d’un Comité interparlementaire, esquisse d’une participation populaire aux décisions de l’UEMOA.

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Les 8 pays membres affichent des résultats économiques satisfaisants…Reste à attirer les investisseurs étrangers.

S’appuyant sur la force de leur monnaie commune, les huit pays membres de l’UEMOA ont obtenu des résultats économiques passables, en tout cas suffisamment satisfaisants pour faire pâlir d’envie d’autres parties du continent.

Installée à Abidjan, la Commission interbancaire a accompli dans l’ombre un travail d’assainissement des banques de la sous-région et porté le seuil minimum de leur ouverture de 2 à 10 milliards de F CFA (de 3 à 15 millions d’euros). Sa vigilance sur les transferts intrarégionaux de fonds reste capitale pour endiguer le blanchiment d’argent au coeur d’une zone géographique où le business de la drogue pèse lourd.

Que dire enfin du chantier prometteur lié au code communautaire des investissements, dont l’objectif est justement d’éviter la surenchère entre États pour attirer des capitaux étrangers ? Hélas, c’est ici que l’influence magique et positive de l’UEMOA atteint ses limites.

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L’instabilité institutionnelle en Guinée-Bissau, les incertitudes politiques au Burkina Faso et la menace terroriste au Mali déstabilisent le monde des affaires sous-régionales, créant un climat peu propice aux investissements directs venus de l’étranger. Sans oublier une lecture étriquée de la souveraineté nationale qui pousse certains États à sacrifier les objectifs d’intégration sur l’autel des priorités nationales.

Autre défi pour l’UEMOA, implantée à Ouagadougou, trouver sa place aux côtés de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), fondée en 1975. Car les crises au Mali et en Guinée-Bissau ont consacré la prééminence de cette structure plus ancienne sur les questions de paix, de sécurité et de stabilité. Seule certitude à ce jour, le grand saut de l’intégration régionale ouest-africaine n’aura pas lieu sans une relation réfléchie entre les économies des pays de l’UEMOA et celles du Nigeria et du Ghana. Car, ici, plus que nulle part ailleurs sur le continent, les politiques d’intégration ne font pas figure d’option. Elles sont le signe tangible d’une urgence, celle d’agir pour le bien-être des populations.

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