Karim Sy : après Digital Africa, « je veux partager mon expérience sur le continent »

Le fondateur de Jokkolabs a décidé de se mettre en retrait de l’initiative française Digital Africa dont il quitte la présidence. Les raisons.

Karim Sy est le fondateur de Jokkolabs. © Elise Fitte Duval/JA

Karim Sy est le fondateur de Jokkolabs. © Elise Fitte Duval/JA

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Publié le 9 juin 2020 Lecture : 3 minutes.

Le Franco-Malien Karim Sy, fondateur et ex-catalyseur principal du réseau panafricain dédié à l’innovation Jokkolabs quitte la présidence de Digital Africa, mais demeure au conseil d’administration.

Initiative du président français Emmanuel Macron, Digital Africa a mobilisé 65 millions d’euros auprès de l’Agence française de développement (AFD) en faveur de projets numériques africains, jusqu’en 2022. De statut associatif, le véhicule réunit plusieurs organisations africaines dont CFI, Jokkolabs, Afrilabs, GEN Africa…

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Pour rejoindre la présidence de Digital Africa, Karim Sy avait quitté, en août 2019, le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) d’Emmanuel Macron. Ceci au motif que cette double casquette, bien que bénévole, poserait un problème de conflit d’intérêt. Le CPA avait été annoncé en août 2017 par le président français, lors de la conférence des ambassadeurs de France. Onze bénévoles liés à l’Afrique ont depuis lors un accès direct au président français pour lui « remonter des idées » et faire passer des messages.

« Le projet est lancé, je l’ai porté et fait ma part du travail. À présent, et après la crise que nous sommes en train de vivre avec le Covid-19, je pense qu’il est temps de mettre en oeuvre une dynamique panafricaine, sur le continent », confie à JA Karim Sy pour expliquer sa décision. L’entrepreneur qui souligne que sa famille et ses attaches sont à Dakar poursuit : « Je compte partager mon expérience acquise grâce à Digital Africa, et antérieurement, sur le continent aujourd’hui ».

Avec plusieurs personnalités engagées, Rebecca Enonchong, Félix Marquardt, Safia Otokoré, Jean-Manuel Rozan, Keita Stephenson et Emmanuella Zandi, il lance un nouveau projet Black Elephant. Un think tank né durant le confinement, et qui a pour objet de réfléchir au monde d’après-crise.

Agir depuis Dakar

Pour l’heure, Karim Sy compte conserver son « engagement pour une scène africaine digitale vibrante, en toute indépendance ». Et de préciser : « Ce qui me motivait dans Digital Africa, c’était la logique de fédérer les écosystèmes africains, les connecter au monde pour bâtir un monde en commun. Je reste dans cette optique. »

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Et à son actif au cours de son mandat à Digital Africa, on peut mettre son impact dans la mise sur pied de l’initiative Choose Africa du ministre français de l’Économie Bruno Le Maire. Annoncée en mars 2019, Choose Africa a permis le déblocage par la France de 2,5 milliards d’euros pour appuyer et financer sous forme de prêts 10 000 entreprises, d’ici à 2022, en priorité des petites structures du continent.

Au-delà de Black Elephant, Karim Sy continue de rester engagé sur la scène sénégalaise, notamment avec les start-up au sein de l’Organisation des professionnels des technologies de l’information et des communications (Optic), dont il est membre fondateur. Créé en 2003, Optic compte parmi ses membres les quatre opérateurs de téléphonie du pays (Orange, Free, Expresso et Hayo). L’organisation est la branche numérique du Conseil national du patronat sénégalais (CNP) et coopte des start-up en son sein depuis un an.

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En parallèle, Karim Sy a été nommé par Macky Sall en mars 2019 comme membre du Conseil national du numérique (CNN), instance stratégique de pilotage du secteur digital sénégalais, rattachée au Secrétariat général du gouvernement.

Serial-entrepreneur de 49 ans, ayant grandi au Mali, pays d’où il est originaire, Karim Sy a fondé, en 2010, à Dakar, Jokkolabs, espace de travail collaboratif et creuset d’une communauté d’entrepreneurs engagés dans les nouvelles technologies. Premier du genre en Afrique francophone à l’époque, ce réseau issu des communautés de hackers et de l’internet libre a essaimé et couvre désormais sept autres pays (Côte d’Ivoire, Cameroun, Mali, Burkina Faso, Gambie, France) ; les hubs du Maroc et du Bénin s’étant dissous dans les écosystèmes locaux desdits pays.

Digital Africa organise une assemblée générale, ce mercredi 10 juin, pour désigner un président intérimaire.

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