Quels droits pour les homosexuels ?

Publié le 23 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Je souhaite réagir aux propos de Moussa Niang parus dans le « Vous & Nous » du n° 2272. Ainsi que vous le dites, « la comparaison entre homosexualité et excision n’a pas lieu d’être ». On peut certes disserter sur la pertinence des mariages dits « gay » tels qu’ils sont célébrés en France, mais on ne peut en aucun cas remettre en question le droit des homosexuels à vivre leur vie comme qu’ils l’entendent. Cela dit, si vous dites que l’homosexualité est un « choix personnel et intime », c’est avant tout une situation que l’on découvre progressivement et qu’on finit par admettre ou par refouler, selon son caractère psychologique et son entourage social et familial. Le choix n’intervient, à mon avis, qu’au moment du « coming out », soit la révélation de son homosexualité à ses proches.
Ce n’est pas la première fois que je lis sous une plume africaine la comparaison improbable entre homosexualité et excision. Il semblerait que ceux qui écrivent cela veulent en fait comparer la moralité de deux pratiques « sexuelles » sur deux continents : l’excision ancestrale en Afrique et l’homosexualité vécue au grand jour en Europe. En effet, les Européens ne cessent de reprocher aux Africains d’exciser leurs filles, et la perpétuation de cette tradition fait régulièrement scandale en Europe. Certains Africains pensent alors que c’est à eux de juger des pratiques sexuelles européennes, et s’attaquent donc à la cible la plus en vue et la plus facile : les homosexuels.
J’ai souvent, par goût de la polémique, lancé le débat lorsque je me trouvais au Sénégal, un pays où la loi prévoit deux ans d’emprisonnement en cas d’homosexualité. Les réactions étaient quasi unanimes, condamnant avec vigueur l’homosexualité. La même rengaine revenait sans cesse : ce serait un phénomène importé par les Européens, les Africains ne connaissant pas ce « vice », cette pratique « immorale et dégradante »…
Parfois, lors de dialogues restreints, le ton se faisait moins méprisant, mais la réprobation de l’homosexualité est largement la règle dans la plupart des pays d’Afrique. Même les chefs d’État s’en mêlent : Mugabe, Nujoma et Museveni, pour ne citer qu’eux, ont tenu publiquement des propos homophobes. D’autres se taisent mais n’en pensent pas moins. Bien sûr, comme le disait Bechir Ben Yahmed il y a quelques années dans « Ce que je crois », il y a des problèmes plus graves en Afrique que celui de la condition des homosexuels. Mais si parfois les homosexuels européens tombent dans l’excès, ceux d’Afrique méritent au moins de vivre en paix.
Le débat est vaste, et je félicite la rédaction de J.A./l’intelligent pour sa position claire sur le sujet.

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