Algérie : à quoi jouent les islamistes ?
Dans la perspective des élections législatives et locales, les islamistes tentent de redorer leur image et misent sur les fondamentaux identitaires. Mais quel est le vrai poids politique de leurs chefs de file et des micro-partis qui se revendiquent de cette famille ?
Abderrazak Makri, président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), laisse rarement indifférent. Quand il s’éclipse des réseaux sociaux où il est très actif, son silence intrigue autant qu’il étonne. Et quand il s’exprime à nouveau sur Twitter ou Facebook, où il compte des milliers d’abonnés, ses propos enflamment la toile.
Sa réaction à la première mouture de la nouvelle Constitution, promise par le président Abdelmadjid Tebboune, et dont l’écriture a été confiée à un groupe d’experts, a provoqué un tollé.
Au nom du MSP, Abderrazak Makri invite à faire de la charia (la loi islamique) une des sources de la législation, à généraliser l’usage de l’arabe, langue nationale et officielle, dans l’administration et les documents officiels — ce qui est déjà le cas –, et surtout, à criminaliser l’utilisation du français dans les institutions. Cette dernière proposition enflamme le débat public, tant elle vient rappeler les excès d’une triste décennie.
Vivement critiqué pour ses propositions déjà clivantes et extrêmement sensibles tant elles touchent à l’identité nationale, Makri se défend en remettant de l’huile sur le feu. Tour à tour, le chef de parti évoque hizb frança — le lobby français, dans le jargon politique algérien –, les suppôts du colonialisme et plus globalement, la main étrangère.
Les plus taquins notent que le médecin de formation n’est pas opposé, par principe, aux ingérences étrangères. Le 6 juin, sur sa page Facebook, le même volait au secours de son allié tunisien Rached Ghannouchi, critiqué pour ses liens avec la Turquie et le Qatar.
En quête d’une nouvelle légitimité
L’islamiste en alpaga, père de huit enfants, ne fait pas mystère de son admiration pour Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis plus de dix-sept ans en Turquie avec son parti islamo-conservateur, l’AKP. Makri y voit un modèle à suivre pour espérer un jour arriver aux commandes de l’État. Aussi, ceux qui ont critiqué la visite du président turc à Alger, en février 2018, sont qualifiés de traîtres, de rancuniers, voire de collaborateurs qui renient leur culture et leur civilisation.
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