50 milliards pour la relance

Publié le 23 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Privés de vacances par leur patron Ahmed Ouyahia, tenus d’assister à un Conseil de gouvernement tous les deux jours, sommés d’être plus présents sur le terrain, les ministres algériens sont soumis à une autre épreuve : les rumeurs persistantes de remaniement gouvernemental en septembre. Malgré tous les démentis, y compris celui d’Ahmed Ouyahia, les spéculations autour d’un changement de l’exécutif font les choux gras de la presse indépendante. La continuité de l’État n’en est pas moins assurée. Pour l’heure, priorité est accordée à trois dossiers : le plan de soutien à la relance économique (PSRE), la loi de finances 2005 et la révision du Code de la famille.
Le PSRE, deuxième du nom, est, comme le précédent, un programme triennal d’investissement public. Le premier, qui s’achève le 31 décembre 2004, a mobilisé plus de 7,5 milliards de dollars ; le second, lui, bénéficiera d’une enveloppe de 50 milliards de dollars, un record ! Secteur privilégié par le nouveau PSRE : les infrastructures, avec l’achèvement du métro d’Alger (2007), l’inauguration du nouvel aéroport international de la capitale (2006) et la livraison de l’autoroute Est-Ouest (2008). Outre les infrastructures de base, il est question d’une nouvelle carte sanitaire avec la réalisation de plusieurs centres hospitaliers universitaires (CHU) dans les grandes agglomérations et des centres de soins et cliniques en milieu rural et suburbain. Autre préoccupation : le système universitaire. Pour satisfaire les besoins de la population estudiantine, dont le nombre devrait passer de 700 000 en 2004 à plus de 1 million pour l’année 2007-2008, il est prévu de créer des places pédagogiques supplémentaires (amphithéâtres, laboratoires) et d’augmenter les capacités d’hébergement et de restauration.
Malgré l’embellie financière (près de 40 milliards de dollars de réserves de change attendus à la fin 2004), le cabinet d’Ahmed Ouyahia avance à pas comptés. Son projet de loi de finances mise sur un prix du baril à 19 dollars, alors que les analystes du marché évoquent la possibilité d’un cours à plus de 40 dollars à moyen terme. Cette prudence excessive pourrait s’expliquer par le souci d’Ouyahia de mettre fin à l’envolée des dépenses publiques (plus de 14 % en moyenne ces cinq dernières années). « La maîtrise des grands équilibres macroéconomiques doit être notre souci constant », a indiqué le président Abdelaziz Bouteflika aux membres du gouvernement, lors du Conseil des ministres du 11 août. C’est pourquoi la loi de finances ne devrait pas prévoir de déficit budgétaire.
Troisième dossier de l’été : le projet de révision du Code de la famille. L’abrogation du texte, réclamée par les organisations féministes et une grande partie de la société civile, n’est pas à l’ordre du jour. La mouture préparée par la commission chargée de réviser ce texte (qui fait de la femme une mineure à vie) divise l’alliance présidentielle composée, entre autres, des islamiste du Mouvement de la société pour la paix (MSP), lequel milite pour un code d’inspiration unique fondé sur la charia. Si le débat autour du statut de la femme n’est pas encore lancé, léthargie estivale oblige, nul doute que l’invective, la polémique et la passion reprendront rapidement leurs droits dès le mois de septembre.

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