Les grands travaux

Deux projets de rénovation ou d’aménagement de nouveaux espaces sont en cours dans la capitale : les Zones d’activités commerciales et administratives, et Ouaga 2000.

Publié le 23 août 2004 Lecture : 5 minutes.

« Les critiques fusent… Pourtant les travaux avancent très bien. » Paul Ismaël Ouédraogo, secrétaire général du Comité national d’organisation du Sommet de la Francophonie, qui se déroulera les 28 et 29 novembre à Ouagadougou, est un peu las d’entendre dire à tout bout de champ que « rien ne sera prêt à temps ». Il faut dire que la pression est forte sur les autorités municipales et nationales. En trois mois, le pays sera l’hôte de trois événements d’envergure internationale. La grand-messe de la Francophonie donc, mais aussi, début septembre, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine consacré à l’emploi et à la pauvreté, et le désormais traditionnel Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (Siao). La ville est actuellement en plein chantier. Néanmoins, plusieurs projets de réaménagement des infrastructures sont en cours depuis longtemps et ne visent pas qu’à embellir la ville pour accueillir ces manifestations. Deux grandes initiatives sont en oeuvre, le projet Zaca (Zones d’activités commerciales et administratives) et, bien sûr, Ouaga 2000. Il faut dire que la ville avait besoin d’un sérieux coup de jeune. Sy Boureima, directeur de la communication au ministère des Infrastructures, des Transports et de l’Habitat, explique que « les plans de Ouagadougou, en damier, datent de l’époque coloniale. Or depuis, la ville a bien grandi, sans s’adapter aux contraintes de la modernité. » Résultat, le centre-ville est engorgé. Il fallait donc en revoir l’agencement pour améliorer et accroître l’infrastructure routière, rénover la voirie et diminuer la pollution, bref permettre au million et demi de Ouagalais de mieux vivre.
Le plan d’urbanisme élaboré par le gouvernement – le même programme touchera à terme toutes les villes du pays – obligeait à une importante réorganisation de la capitale. Il a donc fallu raser des quartiers entiers et reloger leurs habitants. « Ils étaient un peu réticents, explique Boureima, mais une fois relogés, ils se sont peu à peu habitués à leur nouvel environnement. » Et pour cause. Grâce au dédommagement du gouvernement, les familles ont pu acheter des parcelles et construire leur propre habitation. Bien sûr, tout le monde n’a pas pu bénéficier des parcelles de catégorie « A » de Ouaga 2000, les plus grandes, les mieux orientées, les mieux isolées du voisinage et… les plus chères. Mais le quartier a séduit puisque, assure-t-on au ministère des Infrastructures, la quasi-totalité des parcelles constructibles a été vendue, à un prix allant de 20 000 F CFA à 50 000 F CFA le m2. Un franc succès qui s’explique par la salubrité des lieux et l’espace disponible, le tout dans une zone viabilisée, avec accès à l’eau et à l’électricité. Dans le centre de Ouagadougou, les aménagements se poursuivent dans le cadre du projet Zaca.
Le quartier Koulouba, situé à proximité de l’aéroport, a été totalement rasé de ses constructions insalubres, et la vente des 36 hectares de parcelles a débuté. L’État souhaiterait en faire une zone d’affaires, mais les investisseurs privés qui se porteront acquéreurs de ces terrains pourront y bâtir des habitations, à partir du moment où cela correspondra au cahier des charges. À Ouaga 2000, c’est plutôt un quartier administratif qui est en cours de finalisation. Présidence, résidence du chef de l’État et ministères y seront délocalisés. Qu’adviendra-t-il du boulevard de la Révolution et de sa cohorte de bâtiments ministériels et administratifs qui ont plutôt mal vieilli ? Selon le ministère des Infrastructures, des services délocalisés de l’administration s’y installeront. Il serait en effet étrange de voir cette grande avenue désertée du jour au lendemain. D’autant que les nombreux commerces, restaurants et hôtels attenants en souffriraient également. Ce coup de jeune apporté à la capitale a également pour vocation « d’améliorer les possibilités d’accueil des grandes manifestations ». Ouaga, qui se veut « capitale culturelle de l’Afrique » et se spécialise peu à peu dans l’organisation d’événements internationaux, avait en effet besoin de déconcentration. Mais certains vont en pâtir, comme l’hôtel Silmandé, jusqu’à maintenant fleuron de l’hôtellerie locale et qui sera bientôt déclassé de quatre à trois étoiles. Il faut dire que le complexe cinq étoiles El-Fateh, construit à Ouaga 2000 grâce à des capitaux libyens et qui devrait être terminé pour la fin du mois de septembre, est d’un standing nettement supérieur. Dix bungalows « VIP » encadreront le bâtiment central de onze étages. Parallèlement, vingt-cinq villas « grand luxe » compléteront l’hébergement mis à la disposition des 56 chefs d’État et de leurs délégations attendus pour le Sommet de la Francophonie, fin novembre.
Cet événement implique bien d’autres aménagements, et les quatorze commissions du Comité national d’organisation, qui se réunissent toutes les deux semaines, sont sur la brèche. Le service de sécurité, de concert avec la France et le Canada, a mis en place un « système plus que sûr, mais dont vous ne saurez rien », certifie en souriant Paul Ismaël Ouédraogo. L’aéroport fait d’ailleurs partie des zones qu’il faudra sécuriser pour le jour J, « et même relooker », explique-t-il. Le bâtiment mérite en effet un petit lifting. Mais, à plus long terme, c’est plutôt à une délocalisation que pense le gouvernement. Situé en plein centre-ville, il empêche notamment l’érection de hauts immeubles et ne peut plus s’étendre, la ville l’ayant petit à petit entouré.
D’un budget total de 7 milliards de F CFA, ce Sommet est aussi le prétexte à la construction d’un centre international de la presse. Financé par la France à hauteur de 1,7 million d’euros, cet espace, dont la construction a débuté en avril, servira ensuite de centre de formation professionnelle ou de lieu de réunion pour la société civile.
Paris a accordé 3,3 millions d’euros supplémentaires, notamment pour financer la location des 240 véhicules destinés au transport des délégations. Parmi les autres pays contributeurs à l’organisation du Sommet, on trouve le Canada, qui a fourni 4 millions de dollars canadiens (2,4 millions d’euros) pour équiper le centre de congrès, mais aussi la Suisse et la Belgique, cette dernière intervenant notamment sur l’aménagement de l’aéroport.
« Tout sera prêt à temps », martèle Paul Ismaël Ouédraogo, accroché à ses deux téléphones cellulaires qui ne cessent de sonner. Pour les autorités, il est crucial de mener à bien l’organisation de cette manifestation pour faire de Ouaga une ville d’accueil internationale. Un positionnement économiquement intéressant, car toutes ces rencontres génèrent d’importantes rentrées de devises.

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