À force d’abnégation…

Publié le 23 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Remettons d’emblée les pendules à l’heure : le Burkina Faso est un pays qui ne présente pas d’attrait qui saute aux yeux. Cette méchante petite terre plombée par un soleil qui brûle autant qu’un moule de cire à fond perdu renferme zéro richesse dans son sous-sol, ne bénéficie d’aucune ouverture sur la mer, a une équipe nationale de foot qui ne brille pas de mille feux lors des grandes échéances continentales et n’a inventé aucun rythme musical capable d’électriser l’Afrique. Son peuple, de culture sahélo-pastorale, est réputé pour sa jovialité, ses traditions d’accueil et sa simplicité. On mange le tô en famille, on travaille dur, on économise 50 F CFA par 50 F CFA, pour acquérir une brebis qui donnera demain un troupeau ou un petit terrain sur lequel on construira une maisonnette dans de nombreuses années. Curieusement, au cours des deux dernières décennies, sans changer d’un poil leur penchant naturel pour la modestie, les Burkinabè se sont débrouillés pour tout gagner. La paix sociale, la construction de barrages irrigants, la culture de pommes et de kiwis, l’organisation de manifestations géantes, la reconnaissance culturelle… Et, surtout, le respect.

Lorsque la crise ivoirienne a éclaté, les quelque trois millions de Burkinabè installés chez le grand voisin ont souffert. Beaucoup sont rentrés, puis repartis. Tout le monde pensait que le petit pays sahélien ne tiendrait pas le coup, étranglé économiquement. Erreur ! Ici, on sait prévoir, se prémunir, se serrer la ceinture s’il le faut, et on résiste, on garde la tête haute. Fin 2004, on se pique même d’organiser deux grands Sommets (Francophonie puis Union africaine). On va même plus loin, en construisant carrément une seconde capitale, car c’est, en gros, ce que deviendra le grand quartier de Ouaga 2000 dans quelques années. Passons enfin sur la place de poids qu’occupe aujourd’hui Blaise Compaoré, le président du Faso, sur la scène sous-régionale et internationale. On le consulte, on le craint, on préfère l’avoir comme allié. Bref, force est de reconnaître que ce petit pays aux allures si paisibles, dont on ricanait volontiers hier dans les contrées voisines, s’est imposé à force d’abnégation, de travail et de raison, et, finalement, d’ambition réelle. Ou d’orgueil, diront les jaloux… Aujourd’hui, que l’on soit politicien, musicien ou homme d’affaires, Ouagadougou devient une étape africaine incontournable. Une réussite qui plairait à un certain La Fontaine, celui qui le premier avait su vanter les atouts cachés de la fourmi… Et une morale de l’histoire à méditer par tous les pays cigales !

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