La Chine va (encore) bien, donc tout va bien !

Le cercle Cyclope a présenté le 14 mai la 28e édition de son rapport sur les marchés mondiaux de matières premières. Au coeur de cet ouvrage rédigé par une centaine d’experts, l’évolution de l’économie chinoise et son impact sur le reste du monde, notamment en Afrique.

Une acierie à Hefei, dans la province de l’Anhui, en Chine. © Reuters

Une acierie à Hefei, dans la province de l’Anhui, en Chine. © Reuters

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 15 mai 2014 Lecture : 3 minutes.

La Chine est, plus que jamais au cœur des préoccupations des professionnels des matières premières. Cette année, le rapport du cercle Cyclope sur les marchés mondiaux, intitulé « Dans le rêve du pavillon rouge »* et présenté le 14 mai à Paris par un panel d’économistes, fait la part belle à l’empire du Milieu, objet de toutes les interrogations.

Ne demandez pas aux Chinois d’être plus vertueux que les Occidentaux, avertit Jean-Jacques Boillot

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Les rédacteurs de sa 28ème édition, coordonnée par le fondateur du cercle, Philippe Chalmin, professeur à l’Université Paris-Dauphine, analysent l’évolution et l’influence de l’économie chinoise sur le reste du monde, des minerais au pétrole, en passant par les céréales et le papier.

L’ouvrage – qui compte 795 pages – affiche un certain optimisme, en dépit du ralentissement de la croissance à Pékin, passée de 10 % pendant trois décennies, à 7,5% en 2012 et 2013. « Quand la Chine est enrhumée, c’est l’ensemble des pays producteurs de commodités qui éternuent. Mais le temps de la crise chinoise n’est probablement pas arrivé », estime Philippe Chalmin, gourou des matières premières en France.

Pour Denis Ferrand, directeur général de l’institut d’études économiques Rexecode, « les analystes se sont montré trop alarmistes face à la décélération de la croissance chinoise. En oubliant qu’en volume de matières premières importées, 5 ou 7% de croissance aujourd’hui, représentent autant que lorsque le pays en était à 10% il y a quelques années », indique-t-il.

Pas de risque de crash

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« Parler d’un « crash » de l’économie chinoise est un non-sens », estime de son côté Félix Torrès, historien économique, spécialiste de l’empire du Milieu. « Dans des régions côtières comme le Guandong, qui comprend Canton, on tourne à environ 9% de croissance… et au Sichuan, on est à 12-13%, même s’il y a des zones oubliées. Chaque année, de 15 à 20 millions de personnes acquièrent une automobile, signe que la croissance est toujours à l’œuvre », observe-t-il.

« Il n’y a pas de risque d’écroulement du système financier chinois », estime de son côté Michel Aglietta, professeur d’économie à l’Université Paris X-Nanterre. « L’État chinois est « surliquide », le taux d’épargne des ménages est très élevé – autour de 50% – même s’il faut corriger certaines distorsions dans des domaines comme l’immobilier ou l’industrie lourde », explique-t-il.

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L’Afrique, grande pourvoyeuse de minerais et de pétrole, devrait donc continuer à les exporter massivement vers Chine à des prix toujours élevés. Seules ses exportations agricoles vers la Chine ne devraient pas croître, le pays étant devenu quasi-autosuffisant pour la plupart des données alimentaires.

Questions

L’économiste Jean-Jacques Boillot, participant au Cyclope, invite d’ailleurs à relativiser les critiques sur la place et les mauvaises pratiques de l’empire du Milieu sur le continent : « La Chine en Afrique représente environ 20% de part de marché, elle est loin d’être en situation dominante. Par exemple, en matière d’achats de terres, elle est loin derrière l’Indonésie. »

« Il y a évidemment des questions légitimes, touchant à la corruption des élites africaines, qui a encouragé des politiques prédatrices du fait des Chinois, rappelle l’auteur du très remarqué ‘Chindiafrique’. Mais les pots de vin et les questions sociales sont aujourd’hui largement dénoncées, non seulement en Afrique, mais aussi en Chine. Les problèmes éthiques sont désormais mieux pris en compte à Pékin, qui est encore en phase d’apprentissage en Afrique. Ne demandez pas aux Chinois d’être plus vertueux que les Occidentaux ! », a-t-il lancé à l’auditoire du cercle Cyclope, largement occidental.

(*) »Le rêve du Pavillon rouge » est le titre d’un roman chinois les plus célèbres, rédigé au milieu du XVIIIème siècle, à l’apogée de l’Empire du milieu.

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