« Fahrenheit 9/11 » : le box-office a tranché
Michael Eisner sera-t-il encore président de l’empire Disney en septembre ? Le plus étonnant est que cette question qui agite le tout-Hollywood est liée à une décision malencontreuse prise il y a quelques mois par le responsable du numéro un du dessin animé… à propos du film-pamphlet anti-Bush de Michael Moore. En refusant, en effet, qu’une de ses filiales, Miramax, distribue comme prévu Fahrenheit 9/11, par crainte de représailles de la famille du président dont le frère est gouverneur de Floride où est situé l’essentiel de ses activités, le patron de Disney a laissé passer l’occasion de redresser quelque peu une situation difficile pour son entreprise. Car le succès phénoménal du film, Palme d’or du dernier Festival de Cannes, en a fait une véritable poule aux oeufs d’or pour tous ceux qui profitent de ses recettes.
Il est désormais tout à fait clair, donc, que le réalisateur libertaire de Fahrenheit 9/11 a réussi son pari. Son objectif, en effet, était clairement politique : montrer que Bush est un homme dangereux. Or non seulement le film se révèle l’un des plus rentables de l’année toutes catégories confondues – près de 110 millions de dollars de recettes en à peine plus d’un mois d’exploitation aux États-Unis -, mais surtout il a été vu par un nombre exceptionnel de spectateurs partout où il a été présenté. En France, le film se dirigeait déjà à la mi-août vers le record des entrées pour un documentaire depuis un demi-siècle avec plus de 1,7 million de spectateurs. Aux États-Unis, on a même calculé que plus de 10 % des électeurs l’auront vu avant de glisser un bulletin dans l’urne, lors de la présidentielle de novembre. Étant donné la redoutable efficacité du long-métrage pour décrédibiliser la deuxième candidature Bush, Moore peut penser à raison que si le scrutin est serré, comme prévu, il aura peut-être contribué de façon décisive au choix du futur locataire de la Maison Blanche.
Un succès qui aidera Fahrenheit 9/11 à obtenir un oscar lors de la remise des célèbres récompenses à Hollywood dans six mois ? Beaucoup le pensent, même si le film risque la disqualification depuis qu’il a été présenté inopinément sur une chaîne de télévision – ce qui est interdit par le règlement des Oscars. L’auteur de ce mauvais coup ? Fidel Castro ! Trop content de permettre à ses concitoyens de voir un documentaire qui ridiculise le président américain, le Líder Máximo a en effet encouragé – ou en tout cas toléré – une opération de piratage du film réalisée par la télévision cubaine…
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