Voyageur, pirate ou contemplatif
Ulysse, l’odyssé djerbienne
Ce voyageur éternel a foulé les rivages de Tunisie, dixit le IXe chant de L’Odyssée. L’épisode le plus connu de son passage à Djerba est le refus imputé à quelques-uns de ses rameurs de quitter l’île à la douceur déjà attestée Motif ? Les marins avaient trouvé si savoureux le lotus (on suppose aujourd’hui qu’il s’agit de dattes) qu’ils ne voulaient plus repartir. On les battit pour les forcer à reprendre la mer, mais Homère laisse entendre qu’un ou deux d’entre eux seraient restés sur place. Qui sait s’il n’y a pas des descendants d’Ulysse qui se prélassent à cette heure-ci devant l’hôtel Yaddis
Sidi Bou-saïd, le contemplatif
Ce saint patron du village qui porte son nom, Sidi Bou-Saïd, n’est pas de Béja comme on a tendance à le croire, mais d’un quartier de la médina de Tunis. Ce raïs des mers ne naviguait pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Il contemplait la mer, tout simplement, assis sur le siège des sages (au niveau du célèbre Café des nattes).
Aux XIIeet XIIIe siècles, le patron des mers, que la légende populaire confond parfois avec Saint Louis, avait mis l’éthique soufie dans des bahr, un mot qui signifie en arabe aussi bien la mer qu’une forme de métrique poétique. Tous les jours donc, Sidi Bou-Saïd, maître soufi, contemple la grande bleue, compose des poèmes pour que la langue devienne elle-même mer, et que toute vague égrène le nom d’Allah. La mer n’est ici que désir mystique et la navigation une allégorie.
Raïs Dargouth, le stratège
D’origine grecque, ce corsaire du XVIe siècle a roulé sa bosse en Méditerranée, travaillé pour la Sublime Porte avant de finir galérien. Connu pour avoir été un grand stratège et l’un des rares de la flottille méditerranéenne à lutter contre Charles Quint, c’est lui qui prit Mahdia pour chef-lieu et poste opératoire et c’est lui qui, d’après la légende, repoussa l’armada espagnole faisant construire Houmet Souk de Djerba, avec les crânes et les os de ses ennemis ! Il finit galérien et mourut à 60 ans à Malte, l’épée à la main.
Elissa, l’errante
Plus connu sous le nom de Didon, Elissa, la fondatrice de Carthage, a vécu au IXe siècle avant Jésus-Christ. Écartée du trône par son frère Pygmalion, qui avait assassiné son mari, Acherbas, elle fut contrainte de fuir sa ville natale de Tyr, au Liban, accompagnée d’une suite de notables et de marchands phéniciens. Après sept années passées en mer, qui lui valent le surnom de « Dido » (l’errante), elle accosta sur les rivages du nord-est d’Ifriqiya, la Tunisie actuelle. On raconte, qu’ayant sollicité l’hospitalité des habitants, elle s’est vu proposer un lopin de terre de la dimension d’une peau de vache, qu’elle avait fait découper en fines lanières délimitant ainsi un vaste territoire, qui deviendra, en 846 avant J.-C., la Ville nouvelle : Carthage.
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