Au moins dix morts lors de l’abordage de la « flottille de la paix » par la marine israélienne
En bravant hier l’interdiction d’appareiller vers Gaza émise par Tel-Aviv, les militants de la « flottille de la paix », qui convoie quelque 10 000 tonnes d’aide humanitaire vers l’enclave palestinienne, ne s’attendaient pas à une intervention aussi violente de la marine israélienne. Le premier bilan fait état d’au moins dix morts. Peut-être beaucoup plus.
Actualisé à 11h48.
Les commandos de la marine israélienne avaient prévenu. Ils ont donné l’assaut et ordonné la censure totale sur la diffusion de toute information sur les morts et les blessés transférés vers des hôpitaux en Israël à la suite de l’abordage de la flottille en route vers Gaza pour briser le blocus israélien. Celle-ci transporte 10 000 tonnes d’aide humanitaire, notamment 100 maisons préfabriquées, 500 fauteuils roulants éléctriques et de l’équipement médical, selon les organisateurs, le mouvement "Free Gaza".
Selon le porte-parole d’une organisation caritative turque impliquée dans la campagne, au moins deux personnes ont été tuées et une trentaine d’autres blessées lors de l’abordage tôt lundi matin par des soldats israéliens d’un bateau turc de la flottille, laquelle en compte cinq autres avec à leur bord plus de 700 personnes, dont des députés européens.
Plus de 10 passagers tués", selon Tsahal
Mais une télévision israélienne, la chaîne 10, a pour sa part fait état de la mort d’au moins dix passagers lors d’affrontements sanglants avec un des commandos israéliens. Quant à la radio publique, elle a précisé qu’elle disposait d’informations sur le transfert de blessés vers au moins un hôpital israélien sans donner d’autres précisions. Plusieurs établissements hospitaliers ont reçu ordre des autorités de se préparer à recevoir des blessés.
Puis, un porte-parole de l’armée israélienne a confirmé lundi ces informations. "Plus de 10 passagers ont été tués, selon un premier bilan", a affirmé le porte-parole, sans donner de détails sur les blessés. "Durant l’opération, des soldats israéliens ont été confrontés à de dures violences physiques. Certains des passagers ont utilisé des armes blanches et des armes de poing et on a tenté aussi d’arracher l’arme d’un des soldats. Face à la nécessité de défendre leur vie, les soldats ont employé des moyens anti-émeute et ont ouvert le feu", selon le texte. "Ces affrontements ont fait plusieurs morts et blessés parmi les passagers. Au moins quatre soldats ont été blessés, dont un par balle, et ils ont été transférés vers des hôpitaux israéliens", ajoute le texte. La radio militaire de Tsahal indiquait cependant un peu plus tôt qu’il y avait "entre dix et quatorze morts".
Conséquences terribles
Depuis que "Free Gaza" organise des opérations de ce type, en août 2008, cinq débarquements similaires ont réussi et trois ont échoué. Mais ils n’avaient pas l’envergure de celui d’aujourd’hui. Ni la même couverture médiatique, ce qui a peut-être décidé les autorités israéliennes à y mettre un terme définitif.
Les conséquences de la fermeté israélienne pourraient cependant être terribles. Le Hamas appelle déjà à une "intifada" devant les ambassades israéliennes, tandis que la Turquie a prévenu Israël de "conséquences irréparables dans nos relations bilatérales". "Nous n’avions aucune intention d’ouvrir le feu mais il y a eu une énorme provocation", a affirmé le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nous condamnons fortement ces pratiques inhumaines d’Israël".
La communauté internationale s’insurge
La haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay, s’est dite "choquée" par l’assaut de l’armée israélienne.
Le chef de la diplomatie de l’UE, Catherine Ashton, demande par ailleurs à Israël "une enquête complète sur les circonstances" de ce raid, a indiqué un de ses porte-parole.
L’Espagne, qui exerce la présidence tournante de l’Union européenne, "condamne" l’assaut de l’armée israélienne, le jugeant "totalement disproportionné" a annoncé lundi le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. "Nnous considérons comme inacceptables les morts" à bord de la flottille, a par ailleurs déclaré le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Diego Lopez Garrido, dans un entretien à la presse. "Nous allons demander des explications à Israël sur ce fait et nous avons convoqué l’ambassadeur (…) et, bien sûr, nous allons enquêter et nous occuper immédiatement du sujet".
De son côté, le ministre grec adjoint aux Affaires étrangères, Dimitris Droutsas, a également convoqué lundi matin l’ambassadeur d’Israël en Grèce, Ali Yahya, et lui a demandé "une information officielle au sujet des actes de l’armée israélienne contre la flottille qui se rendait vers Gaza". L’ambassadeur israélien a été informé que "la visite du chef d’état-major de l’armée de l’air israélienne prévue pour demain était annulée et que l’exercice gréco-israélien qui se déroulait était interrompu".
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a dénoncé "l’acte inhumain du régime sioniste" contre la flottille d’aide humanitaire, a rapporté l’agence officielle Irna. "Le fait d’empêcher l’aide humanitaire destinée à la population d’arriver à Gaza n’est pas un signe de la force mais de la faiblesse de ce régime", a ajouté Mahmoud Ahmadinejad. "Tout cela montre que la fin de ce régime sinistre et fantoche est plus proche que jamais", a-t-il affirmé. (avec agences)
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