France 24 : 3 questions à Cyril Blet
Auteur de Une voix mondiale pour un État, France 24, 2008, L’Harmattan.
Jeune Afrique : France 24 peut-elle être rentable ?
Cyril Blet : Le marché est extrêmement compétitif. Toute une série de nouvelles chaînes ont émergé depuis 2005. Le problème de rentabilité ne se pose pas qu’à France 24 mais à toutes. La rentabilité n’est d’ailleurs pas un but en soi pour ces chaînes qui transmettent d’abord une vision spécifique de l’actualité internationale, en lien avec leur État. Hormis ses dirigeants, personne n’a jamais dit de CNN International qu’elle était rentable. C’est CNN, la maison mère, qui fait des profits, permettant son développement. Les difficultés de ce marché expliquent l’engagement financier des États dans ces chaînes mondiales.
Que pensez-vous des critiques sur l’opacité du budget de la chaîne ?
La remarque vaut pour toutes les chaînes. BBC World, par exemple, bénéficie du réseau de journalistes du groupe. D’où la difficulté à mesurer l’apport du Royaume-Uni à son budget. Cela étant, la France figure parmi les quatre États allouant le plus de ressources à leur audiovisuel extérieur. Hormis la dotation de l’État, les revenus de France 24 sont insignifiants, n’atteignant aujourd’hui pas plus de 2 % de ses recettes. Mais elle a toujours affiché une volonté de rentabilité, garante en quelque sorte de son indépendance vis-à-vis de l’État et donc de la crédibilité de son information.
Qu’est-ce qui coûte le plus cher à ces chaînes internationales ?
D’abord, une distribution efficace dans plusieurs régions du monde a un coût, considérable pour une chaîne mondiale. Ensuite, envoyer des journalistes sur le terrain et constituer un réseau dense de correspondants permanents est un investissement que seule CNN International a continué de développer ces dernières années. Enfin, lancer une nouvelle langue de diffusion a aussi un coût. Mais augmenter le budget ne garantit pas le succès de l’audience. La chaîne la plus regardée en Europe et au Moyen-Orient est Euronews, avec des programmes en huit langues, une chaîne au budget low cost avec juste 48 millions d’euros en 2008.
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