Dubaï, l’émirat où rien ne va plus

Publié le 30 novembre 2009 Lecture : 2 minutes.

La décision, le 25 novembre, du gouvernement de Dubaï de différer le remboursement de 3,5 milliards de dollars de dettes de Nakheel, le géant immobilier contrôlé par le holding public Dubai World, est un signe flagrant de la déconfiture de l’économie de l’émirat.

Propriété de Nakheel, la célèbre île artificielle en forme de palmier – un investissement risqué, dans une zone où le niveau de la mer ne cesse de monter – est l’une des réalisations spectaculaires qui ont révélé Dubaï au monde. Heureusement, plusieurs idées du même ordre ont été mises au rebut. Comme le projet du Snowdome, un centre de loisirs pharaonique, plus étendu que la ville d’Orlando, en Floride, qu’il était censé concurrencer (la station de ski indoor de Dubaï, elle, est tout à fait opérationnelle). Autre projet annulé, d’un montant de 11 milliards de dollars, celui du canal Arabe, une ceinture d’eau de 75 km qui devait entourer la ville.

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Jusqu’au 25 novembre, les investisseurs accordaient volontiers à Dubaï le bénéfice du doute, son dirigeant, le cheikh Mohamed Ben Rachid Al Maktoum, ayant toujours assuré que l’émirat honorerait ses créances. Comme il doit être douloureux pour lui, aujourd’hui, dans une région où la parole donnée est sacrée, d’apparaître comme quelqu’un qui s’est dédit !

En quasi-faillite

Le cheikh Mohamed, dont la famille a fait de l’émirat, qu’elle dirige depuis 1833, un étonnant modèle de stabilité, voit ainsi son leadership mis à rude épreuve et les rêves qu’il nourrit pour la ville menacés. Son ambition n’est-elle pas de faire de Dubaï le centre financier d’un quart de la planète, celui de tous les marchés en forte croissance, de Singapour à Francfort ?

À long terme, la quasi-faillite de Dubaï pourrait rendre ses rivaux plus attrayants et conduire certains ­groupes internationaux à déménager, à Doha ou à Abou Dhabi par exemple. Contrairement à Dubaï, ces villes ont une économie saine, fondée sur le pétrole. Mais pour le moment, elles n’offrent pas un mode de vie occidental comparable à leur voisin, et ne peuvent rivaliser avec lui en termes de services dans le transport maritime et aérien, la logistique ou le secteur bancaire.

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L’incapacité de Dubaï à honorer ses dettes jette aussi une ombre sur les relations, pourtant vitales, des Maktoum avec leurs voisins d’Abou Dhabi, les Nahyane, qui semblent en effet peu affectés par le sort de leurs infortunés cousins. Certains vont jusqu’à se demander combien Abou Dhabi pourrait exiger pour se porter caution.

L’une des solutions consisterait à renforcer les liens entre les sept membres des Émirats arabes unis. Dans une telle éventualité, Dubaï le franc-tireur serait forcé de rompre avec des pays encombrants, comme l’Iran et Israël. Il se pourrait aussi qu’on lui demande d’intégrer son très indépendant système douanier dans une bureaucratie fédérale. Mais le cheikh Mohamed pourrait objecter que la souveraineté de la politique étrangère de Dubaï prévaut sur sa réputation financière. Ce qui semble logique. Les banquiers de Londres et de New York ont certes largement contribué à nourrir la croissance de l’émirat, mais ce sont ses relations avec Karachi, Bombay, Riyad ou Téhéran qui lui sauveront la mise – ou le feront sombrer.

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