« Fitna » chez les Frères
Pour la première fois dans l’histoire de l’organisation islamiste, des divisions se font jour entre tenants d’un engagement politique accru et partisans d’un repli.
Un haut responsable des Frères musulmans égyptiens – parti interdit – a reconnu que la répression du gouvernement avait accentué les fractures au sein de l’organisation entre conservateurs et réformateurs à propos des vertus de la participation à la vie politique à l’approche des législatives de l’année prochaine.
La bonne performance des candidats indépendants affiliés aux Frères aux élections de 2005 (20 % des sièges) a marqué le régime du président Moubarak. Pour empêcher que ne se renouvelle un tel résultat, les autorités ont fait passer une série d’amendements constitutionnels visant à marginaliser les Frères et à limiter la supervision des élections. Les succès électoraux des islamistes ont aussi conduit les autorités à procéder à une série d’arrestations dans leurs rangs, y compris de dirigeants réformateurs, favorables à un engagement politique accru. « La répression est telle que certains parmi nous, sentant que l’organisation est en péril, privilégient désormais le repli », explique Mohamed Habib, vice-président du groupe, dans un entretien au Financial Times. L’organisation a toujours veillé à tempérer ses actions de manière à ne pas mettre en danger les relais politiques et sociaux qu’elle a bâtis à travers le pays. Du coup, une partie des militants, explique Habib, prône une minimisation de la participation à la vie politique. En Égypte, les pressions sur les Frères, qui ont embrassé la non-violence, ont coïncidé avec la poussée des groupes salafistes, tenants d’une version plus traditionaliste de l’islam, mais qui apparaissent moins dangereux aux yeux du régime car ils ne se mêlent pas de politique.
Pour la première fois dans l’histoire souvent secrète des Frères musulmans, les divisons internes sont visibles au grand jour, étalées dans les journaux et sur les sites Internet. Le débat s’est durci ces dernières semaines, notamment après que le guide suprême des Frères, Mahdi Akef, 81 ans, eut échoué à faire entrer un partisan convaincu d’une plus grande participation à la vie politique au Haut Conseil de la guidance, la plus haute instance de l’organisation. Après ce revers, Akef a déclaré qu’il ne briguerait pas un nouveau mandat aux élections internes de janvier. Habib, bien que partisan de la même ligne, essaie aussi de tenir compte des inquiétudes des conservateurs. Il sait que si les élections internes se tenaient aujourd’hui, les tenants du repli l’emporteraient. « La situation aujourd’hui est très différente de celle de 2005, explique Habib. Il y a eu un coup d’État contre la Constitution, mais également des pressions visant à circonscrire notre action et à limiter notre engagement politique. Nous allons participer aux prochaines législatives mais pas autant qu’en 2005. »
Financial Times et Jeune Afrique
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