Erdogan en veut (beaucoup) à Israël

En visite à Paris le 7 avril, le Premier ministre turc n’a pu s’empêcher de tancer une nouvelle fois « la politique d’invasion et de provocation » de son (ex- ?) allié.

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été reçu par Nicolas Sarkozy. © AFP

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été reçu par Nicolas Sarkozy. © AFP

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Publié le 15 avril 2010 Lecture : 2 minutes.

C’était l’objet principal de son voyage en France. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a multiplié les initiatives pour convaincre que son pays « a toute sa place dans l’Union européenne [UE] » : rencontre avec des hommes d’affaires, entretien avec son homologue François Fillon, soirée au Zénith avec 6 000 Turcs de France…

Pendant que son épouse, Emine, mantelet gris perle et foulard coloré, quittait le Ritz – sans doute pour courir les boutiques –, Erdogan, flanqué d’une nuée de conseillers et d’Ahmet Davutoglu, son ministre des Affaires étrangères, a donné une conférence de presse dans le palace parisien avant de partir déjeuner à l’Élysée. À ceux qui lui objectaient que Nicolas Sarkozy reste opposé à l’adhésion d’Ankara à l’UE, il a répondu qu’il ne « désespérait pas » que le président français se ravise, à la longue.

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Mais cette question a été éclipsée par ses déclarations indulgentes à l’égard de l’Iran et à nouveau très virulentes à l’endroit d’Israël, un allié stratégique (mais l’est-il toujours ?) avec lequel les relations ne cessent de se dégrader. La veille, Avigdor Lieberman, le ministre israélien des Affaires étrangères, l’avait comparé à Kadhafi. Ambiance…

« L’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] n’a pas établi avec certitude que Téhéran développe un programme nucléaire militaire » alors qu’« un autre pays de la région » possède l’arme nucléaire hors du contrôle de l’AIEA, a lancé Erdogan, avant d’asséner que des sanctions contre l’Iran seraient contre-productives et qu’« Israël est la principale menace pour la paix dans la région ».

À l’évidence, le Premier ministre turc n’a pas oublié l’affront qu’Ehoud Olmert lui a infligé, fin 2008, en lançant l’opération « Plomb durci » dans la bande de Gaza sans l’en avertir. Il a longuement raconté comment cette guerre avait torpillé un accord de paix israélo-syrien sur le point d’aboutir grâce à sa médiation. Cette « politique d’invasion et de provocation menée depuis 1967 » se poursuit, a-t-il déploré. « Lisez le rapport Gold­stone [sur l’usage disproportionné de la force à Gaza] il est clair, et Goldstone est juif. Je ne dis pas tout cela parce que nous sommes musulmans. Notre approche est humanitaire. Nous avons été les premiers à venir en aide à Haïti, par exemple. »

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