Du bon usage des bases

Christophe Boisbouvier

Publié le 18 mai 2010 Lecture : 2 minutes.

Pour les États-Unis, l’intérêt de Djibouti saute aux yeux. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, ce pays est devenu l’une des pièces maîtresses de la lutte antiterroriste dans la Corne de l’Afrique et dans la péninsule Arabique. Des bâtiments de l’US Navy font escale dans son port en eau profonde. Des gros-porteurs et des hélicoptères de l’US Air Force empruntent son aéroport. Et quelque 2 000 soldats américains logent au Camp Lemonier un ancien site de la Légion étrangère. Pour la France, l’intérêt est double. Djibouti est à la fois une base de projection pour ses forces aériennes et navales (une dizaine de Mirage 2000, un avion de reconnaissance, l’Atlantique 2, des hélicoptères et plusieurs bâtiments de guerre), et un terrain d’entraînement pour ses aviateurs, ses artilleurs et ses forces spéciales. Pas de problèmes de voisinage comme sur le plateau du Larzac, en France. Dans le désert djiboutien, les pilotes de chasseur-bombardier peuvent s’exercer sans contrainte ! Près de 3 000 soldats français séjournent dans le pays. Depuis que les pirates somaliens écument l’océan Indien, Djibouti accueille aussi les forces européennes de l’opération « Atalante ». Deux avions de patrouille maritime (un allemand et un espagnol) y stationnent avec leur personnel d’accompagnement (une cinquantaine d’hommes par avion). Même le Japon s’en mêle. Pour sécuriser ses routes de ravitaillement, il s’apprête à ouvrir sur place une base avec deux bâtiments porte-hélicoptères, deux avions de reconnaissance et quelque 150 hommes. Ce sera la première base étrangère du Japon… depuis la défaite de 1945 !

Enfin, pour la République de Djibouti, cette affluence est providentielle. Elle fait monter les prix. En 2003, le loyer annuel de la base française est passé de 18 à 30 millions d’euros (fin du bail en 2012). Les Américains paient un peu moins cher : 30 millions de dollars. Normal : ils sont moins nombreux. En revanche, les Japonais semblent prêts à payer un prix exorbitant : 40 millions de dollars pour 150 hommes ! Au-delà de ces loyers, Djibouti bénéficie des dépenses des soldats-consommateurs. En 2004, l’impact économique de la seule base française était estimé par Paris à 150 millions d’euros (loyer compris), soit les deux tiers du budget et le quart du PIB djiboutien…

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