Deux hommes à la primature

Abdelaziz Bouteflika aura attendu dix-huit mois avant d’user d’une nouvelle prérogative introduite par la révision de la Constitution, en novembre 2008, révision qui lui avait permis de briguer un troisième mandat : le droit de désigner un vice-Premier ministre.

Publié le 17 juin 2010 Lecture : 1 minute.

Et il a choisi de promouvoir à ce poste Noureddine Yazid Zerhouni, l’inamovible ministre de l’Intérieur, rouage essentiel dans le dispositif présidentiel. « Il a voulu marquer Ouyahia à la culotte », commentent les uns, « les 286 milliards du programme d’investissements sont trop lourds pour les seules épaules du Premier ministre », analysent les autres. Mais à y regarder de plus près, si le président avait quelque raison de se méfier de son Premier ministre ou la conviction qu’il manquait d’envergure pour piloter son faramineux projet de développement, il ne lui aurait pas adjoint quelqu’un mais s’en serait tout simplement séparé.

Le choix de Zerhouni comme vice-Premier ministre n’est donc pas dirigé contre Ouyahia et encore moins assimilable à la désignation d’un dauphin. Déjà numéro deux dans l’ancienne équipe, l’ex-ministre de l’Intérieur, 71 ans, jouissait d’un statut particulier du fait de son parcours et de sa proximité avec le président. Seul ministre habilité à commenter l’actualité, il est devenu de facto le porte-parole de l’exécutif. Et comme Bouteflika s’exprime de moins en moins publiquement, sa place s’est consolidée.

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Même si les attributions du nouveau vice-Premier ministre restent floues, il est peu probable que ses domaines de compétence empiètent sur ceux d’Ouyahia. Le partage des tâches coule de source. Ouyahia continuera de mettre en musique la partition « Plan quinquennal ». Quant à Zerhouni, ses qualités de meneur d’hommes, ses réseaux intérieurs et son influence sur les rouages de l’administration seront utiles pour mener à bien la réforme de l’État chère à Bouteflika. Découpage administratif, aménagement du territoire, code des collectivités locales… Une tâche qui s’annonce aussi complexe que la gestion d’un programme d’investissements de 286 milliards de dollars.

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