Nigeria : grosse fatigue pour UBA
Le groupe nigérian United Bank for Africa (UBA) a vu sa capitalisation boursière fondre de moitié depuis janvier. Alors que l’agence Fitch Ratings vient de dégrader sa note, des questions se posent sur sa stratégie nationale et africaine.
L’heure des comptes a-t-elle sonné pour United Bank for Africa (UBA) ? Le groupe aux 13 000 employés, qui s’est développé en quelques années du Nigeria à dix-huit autres pays africains, l’a-t-il fait trop vite ? Va-t-il remettre en cause sa présence hors de ses frontières historiques ? Officiellement, il n’en est nullement question. « La direction explique que ces filiales africaines sont jeunes, que cela prend trois ans en moyenne avant que la rentabilité soit là, et qu’une fois que ces nouvelles implantations seront matures elles seront bénéficiaires », indique Godfrey Mwanza, qui suit et analyse UBA pour le courtier African Alliance.
22 millions d’euros de perte en 2009
En attendant, les pertes s’accumulent, avec seulement quatre banques rentables hors Nigeria. Un chiffre parle plus que d’autres. Fin 2010, les quinze filiales africaines en activité comptaient pour 13 % des revenus du groupe et une part équivalent du total de bilan, preuve de la forte dynamique de développement mise en œuvre dans ces pays. Mais dans le même temps, ces mêmes entités faisaient perdre à UBA 16 millions d’euros, réduisant à zéro ou presque les bénéfices de l’année pour l’ensemble du groupe. En 2009, la perte engendrée par l’aventure panafricaine s’élevait à 22 millions d’euros. Et lorsque l’agence de notation Fitch Ratings a dégradé, le 5 septembre dernier, la note de viabilité du groupe, c’est en partie en raison des coûts élevés générés par cette expansion régionale.
Le hic, c’est que les développements africains ne sont pas la seule épine dans le pied du groupe. À domicile, UBA tarde à repartir de l’avant. La banque reste en deçà des performances dégagées par ses principaux concurrents, avec le plus bas niveau de rentabilité des actifs. « Son problème est simple, souligne un analyste financier. Des coûts trop élevés, liés à son réseau, pour une faible création de revenus due à une croissance insuffisante des crédits. » La banque dispose d’une présence très forte sur le terrain : fin 2010, elle comptait ainsi 726 agences et plus de 1 200 distributeurs automatiques… Mais d’aucuns jugent ce réseau peu optimal. Le fait qu’UBA soit le moins prêteur (en proportion des dépôts collectés) des grands établissements nigérians confirmerait cette analyse.
Nouveau péril
Malgré une nette amélioration de ses performances financières au deuxième trimestre 2011, un nouveau péril semble peser sur UBA. De l’actuel chambardement dans le paysage bancaire nigérian devraient naître deux nouveaux géants. Jusqu’alors considérés soit comme des banques de seconde catégorie, soit comme des établissements peu présents sur la banque de détail, Access Bank – qui finalise le rachat de 75 % d’Intercontinental Bank – et Ecobank Nigeria – qui prépare sa fusion avec Oceanic Bank – s’approcheront de très près, par leur total de bilan et la taille de leur réseau, d’UBA.
Alors que le titre est très chahuté en Bourse (– 57 % depuis la fin de janvier), UBA reste tout de même une société à fort potentiel. Sur le plan domestique, la sous-utilisation de son réseau implique une forte marge de progression. En Afrique, ses filiales commencent à émerger dans la première moitié des banques locales dans plusieurs pays. Une condition nécessaire pour espérer sortir du rouge et doper les bénéfices à l’avenir. Autre motif de réjouissance : la percée de la banque d’affaires du groupe, déjà puissante chez elle, dans le reste de l’Afrique. Elle a notamment arrangé pour plus de 550 millions d’euros de financement pétrolier pour les sociétés nationales de raffinage de Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Cameroun. Un autre pas encourageant.
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