Les opérateurs touristiques 
font grise mine

Après le coup d’État et la dernière attaque terroriste, en septembre, les professionnels du tourisme craignent que la saison qui débute ce mois-ci se révèle catastrophique.

Publié le 18 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Il y a deux semaines, les premiers touristes à avoir foulé le tarmac de l’aéroport d’Atar, en Mauritanie, ont eu droit à un accueil en grande pompe par le ministre du Tourisme, Bamba Ould Dermane. C’est dire si l’ouverture de la saison est considérée comme un événement majeur pour l’économie et l’image du pays. Avec un taux de croissance de 18 % en moyenne, le tourisme en Mauritanie a rapporté 31 millions d’euros en 2007, d’après le ministère du Tourisme. Et il peut faire beaucoup mieux. « Les recettes du secteur représentent moins de 1 % du PIB. Le potentiel est énorme mais, hélas, le manque d’infrastructures empêche le développement d’un tourisme de masse », estime l’économiste Isselmou Ould Mohamed. Mais après ces années dynamiques, 2008 n’offrira pas le même résultat. Après le coup d’État du 6 août et la dernière attaque terroriste de Tourine, mi-septembre, qui a fait 11 morts parmi les militaires, l’inquiétude s’est à nouveau propagée parmi les professionnels. « Après l’annulation du Paris-Dakar et l’assassinat des Français l’hiver dernier, on avait réussi à retrouver le moral en se disant que la saison prochaine serait meilleure. Mais avec les récents événements, les Européens ne vont pas être rassurés », explique Olivia Lloze, une Française qui tient une auberge dans le centre de Nouakchott.

Chute de 60 % des visites

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La saison dernière, sur 15 000 visiteurs attendus dans la région touristique de l’Adrar, seuls 6 000 ont maintenu leur voyage. Premières victimes de cette hécatombe : les nombreux guides et propriétaires de petites agences qui ont subi de plein fouet la chute de 60 % des visites. « Si le secteur embauche 4 600 emplois directs, ce sont pas moins de 45 000 personnes qui vivent indirectement de cette activité en Mauritanie », précise Cissé Mint Cheikh Ould Beide, la directrice du tourisme au ministère. Certains opérateurs ont préféré jeter l’éponge. D’abord pour une raison sécuritaire. Point Afrique, l’agence historique, qui desservait la Mauritanie par des vols charters directs, a annoncé, fin septembre, qu’elle n’assurerait plus la liaison Marseille-Atar, estimant que le pays n’était plus sûr. Mais aussi et surtout pour une raison commerciale. La Somasert, une filiale de la Snim, la société nationale qui exploite les mines de fer au nord du pays, a sauté sur le créneau du charter après avoir évincé son concurrent par des prix plus attractifs. Depuis le 24 octobre, un vol hebdomadaire relie Paris à Atar pour des tarifs compris entre 385 euros et 500 euros maximum. « Il faut être lucide, les deux premiers mois seront difficiles. Toutefois, je me réjouis de voir que la moyenne de remplissage est atteinte pour les premiers vols », analyse Mohamed Ould Biyah, le directeur de la Somasert. Malgré tout, la plupart des professionnels continuent d’y croire. « Si vous connaissez sur cette planète un endroit où le danger n’existe pas, il faut me le dire, je m’y installe tout de suite », relativise Maria Carmen Cordoba, une femme d’affaires espagnole qui compte construire un hôtel 4 étoiles en bord de mer. Et alors que le Paris-Dakar s’est délocalisé en Amérique latine, une autre course de la même ampleur aura lieu dans le Sahara. En janvier, l’Africa Race traversera la Mauritanie avant â¨de rejoindre Dakar, au Sénégal. « Un tel événement devrait redynamiser le secteur. C’est très important pour l’image du pays », explique Hubert Auriol, le directeur du rallye. Les professionnels du tourisme ont déjà pris rendez-vous.

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