Crise de l’aide au développement
En dépit des dénégations d’Alain Joyandet, le secrétaire d’État français à la Coopération et à la Francophonie, l’aide publique au développement (APD) est la première victime collatérale de la crise financière mondiale. Discuté le 6 novembre à l’Assemblée nationale avant d’être approuvé, le 13, en assemblée plénière, le budget de l’APD a été fixé à 9,5 milliards d’euros, soit 0,47 % du produit intérieur brut (PIB). En apparence, il est en augmentation. En réalité, il n’en est rien : comme chaque année, il recourt à des artifices comptables qui en gonflent artificiellement le volume. En cause ? Les annulations de dette, notamment au profit de la Côte d’Ivoire et de la RD Congo (2,4 milliards, + 235 %), mais aussi les frais dits « d’écolage » (prise en charge des étudiants originaires de pays en développement) et les budgets consacrés aux territoires d’outre-mer (TOM). La vérité est que « l’aide réelle baisse de 7 %, ce qui représente 0,41 % du PIB, estime Henri Rouillé d’Orfeuil, président de Coordination Sud, qui rassemble une centaine d’ONG. C’est un mauvais signal adressé par la France, troisième donateur mondial en volume, au reste de la planète. » À cela s’ajoute l’impact de la crise en cours, qui serait à l’origine de la forte diminution des dons au profit des prêts non concessionnels. Selon l’ONG Oxfam, cinquante-cinq projets d’un montant total de 468 millions d’euros seraient tout bonnement interrompus dans les pays les plus pauvres de la zone dite de « solidarité prioritaire », alors qu’ils auraient dû être mis en œuvre ou programmés en 2009. Le 6 novembre, Joyandet s’est toutefois engagé à sauver dix d’entre eux. Mais le problème dépasse évidemment le cas français. Dans le monde entier, les ONG sont en ébullition. « Les pays en développement, et singulièrement l’Afrique, restent confrontés au renchérissement des prix des denrées alimentaires. Or cette crise va avoir un impact sur tous les budgets et projets de développement », estime-t-on chez Oxfam. Depuis le début de la crise financière, 25 000 milliards de dollars sont partis en fumée ou ont été injectés pour soutenir les marchés et les banques. Cette somme représente 242 années d’aide mondiale au développement (103,5 milliards, actuellement). « Faute d’une action décisive et rapide, nous n’aurons pas les moyens d’empêcher que la crise financière ne se transforme en crise de l’aide », estime Angel Gurría, le secrétaire général de l’OCDE.
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