Mamadou Tandja renversé, trois colonels prennent le pouvoir
Victime d’un coup d’Etat, le président nigérien a été renversé par trois colonels qui ont institué un Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), dissous le gouvernement et nommé un nouveau président. Mamadou Tandja serait, lui, retenu dans une garnison.
Publié à 7h30, mis à jour à 11h20
Après le coup d’Etat mené jeudi 18 février, les putschistes ont installé dans la soirée un « Conseil suprême pour la restauration de la démocratie » (CSDR). Celui-ci s’est doté d’un président : le chef d’escadron Salou Djibo. Sur les médias d’Etat, les dissidents ont annoncé la dissolution du gouvernement. Le CSDR a en outre décrété un cessez-le-feu et fermé les frontières du pays.
Derrière ce nouveau coup d’Etat nigérien se trouvent trois colonels. Le colonel Pelé, d’abord. De son vrai nom Djibrilla Hima Hamidou, il commande la zone de défense numéro 1 de Niamey (« Tillabery Dosso ») et doit son surnom de « Pelé » à sa passion pour le football. Il est d’ailleurs président de la Fédération nigérienne de football (Fénifoot). Pelé avait déjà participé au précédent coup d’Etat de 1999 mené par le commandant Wanké, dont il était devenu le porte-parole. En 2000, Mamadou Tandja le nomme commandant de la compagnie des blindés.
Deuxième homme fort du nouveau régime, le colonel Harouna Adamou est commandant de la compagnie d’appui, les fameux « bérets verts » des blindés. Ce sont eux qui ont mené l’essentiel des opérations, ce jeudi 18 février 2010. Issu d’une famille de militaires, il a également participé au coup de 1999.
Le troisième homme, c’est le colonel Goukoye Abdul Karim, chef du renseignement militaire. Jusque-là le porte-parole de l’armée, c’est lui qui, en juillet dernier, avait appelé les troupes à rester dans leur caserne au nom d’une armée « républicaine ». Il est aujourdh’ui porte-parole du CSDR.
Tandja détenu dans un camp militaire
Le président déchu Mamadou Tandja, 71 ans, ainsi que son aide de camp « seraient retenus dans la garnison de Tondibia », située à une vingtaine de kilomètres de la capitale, selon des informations communiquées par plusieurs ministres nigériens sous couvert d’anonymat. Plusieurs autres ministres, d’après ces sources, seraient quant à eux retenus dans les locaux du Conseil supérieur de la communication, près du palais présidentiel.
Des blindés et des véhicules tous terrains équipés de mitrailleuses étaient déployés vendredi matin dans le quartier du palais présidentiel à Niamey, et une barricade a été dressée sur la route passant devant ce ministère et menant à des résidences d’officiers.
Dès jeudi en fin de matinée, des témoins ont fait état de tirs nourris notamment autour de la présidence, où se déroulait un conseil des ministres, avec des combats à l’arme lourde dans les rues de Niamey et autour de la présidence. La capitale était survolée par des hélicoptères de l’armée. Dans la soirée, la radio officielle a suspendu ses programmes pour diffuser de la musique militaire.
Aucun bilan officiel sur d’éventuelles victimes n’a encore été communiqué, mais des témoins dont une source médicale affirme qu’au moins trois ou quatre soldats ont été tués -dans un blindé visé par un obus – et « une dizaine » de militaires ont été blessés dans l’affrontement.
La garde présidentielle impliquée
Selon une source diplomatique en France, la garde présidentielle a pris part à ce coup de force. « On savait qu’une partie de l’armée désapprouvait Tandja et son coup de force constitutionnel, on pensait jusque-là cette partie très minoritaire ». "Il y a une tradition de coups d’Etat dans ce pays, mais on ne pensait pas que ça viendrait aussi vite », a-t-elle ajouté.
Le Commissaire à la paix et la sécurité de l’Union africaine (UA), Ramtane Lamamra, a rappelé que l’UA condamnait « l’usage de la violence pour tout changement de pouvoir politique ». L’organisation a appelé à un retour rapide à l’orde constitutionnel, dans un communiqué diffusé vendredi matin. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui avait tenté une médiation au Niger, a également « condamné une fois de plus tous les actes destinés à parvenir ou à se maintenir au pouvoir par des moyens non constitutionnels ».
Une contestation montante
Après dix ans passés à la tête du pays, Mamadou Tandja avait dissous l’année dernière le Parlement et la Cour constitutionnelle, avant d’organiser un référendum très controversé lui permettant de rester au pouvoir au moins pendant trois ans à l’issue de son ultime mandat, qui devait s’achever en décembre 2009.
L’opposition, qui avait boycotté cette consultation ainsi que des législatives en octobre, avait dénoncé un coup d’Etat et la communauté internationale avait fustigé les agissements du président. L’armée quant à elle, s’était largement abstenue dans les urnes lors de ces deux consultations.
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