Alain Joyandet démissionne de la Coopération
Le secrétaire d’État français à la Coopération et la Francophonie a annoncé, sur son blog, sa démission du gouvernement.
Voilà presque deux semaines qu’il avait senti le coup venir. Et plutôt que d’attendre que le couperet tombe, Alain Joyandet a préféré prendre les devants – très probablement à la demande de l’Élysée. Le secrétaire d’État à la Coopération et la Francophonie vient d’annoncer, dimanche 4 juillet, sa démission du gouvernement, par un billet sur son blog. « L’homme d’honneur que je suis ne peut accepter d’être victime d’un amalgame. Après mûre réflexion, j’ai décidé de quitter le gouvernement », écrit-il dans un billet publié en fin d’après-midi.
« Pas un euro public n’a été détourné pour mon enrichissement personnel ou celui de mes proches », a-t-il souligné, se félicitant d’avoir « œuvré pour les pays en voie de développement, le renforcement de nos liens avec l’Afrique et la promotion de la francophonie dans le monde », se défend le secrétaire d’État.
Scandale
La presse française avait récemment révélé deux affaires troubles auxquelles le nom d’Alain Joyandet était associé. Il a été épinglé une première fois en mars pour avoir eu recours à la location d’un avion privé pour 116 500 euros lors d’un déplacement ministériel en Martinique (Antilles), et en juin quand il a été soupçonné d’avoir bénéficié d’un permis de construire illégal pour agrandir la maison qu’il possède près de Saint-Tropez, dans le sud de la France, après des révélations parues dans le Canard Enchaîné.
Le 24 juin, lors d’un déjeuner de travail, son sort semblait déjà scellé. « Ce dont je resterai le plus fier de mes deux ans passés à ce ministère, nous avait-il confié, parlant déjà au passé, c’est l’augmentation de l’aide au développement et le travail de l’AFD. » Lapsus révélateur, alors que venait d’éclater le second scandale auquel il était mêlé ?
L’annonce de ce dimanche après-midi semble confirmer cette hypothèse. « Je sais très bien d’où ces attaques proviennent », avait-il expliqué, ajoutant qu’il parlerait le moment venu. Son bilan à la tête du secrétariat d’État à la Coopération et à la Francophonie était déjà tout prêt. Souhaitant se défendre des soupçons de gaspillage de l’argent public, il expliquait, la semaine dernière à ses interlocuteurs : « J’ai travaillé. J’ai fait 71 voyages en deux ans. J’ai fait mon travail. Et croyez-moi, je n’ai pas vu une girafe ou un éléphant en liberté ! »
Polémiques à répétition
Alain Joyandet avait remplacé Jean-Marie Bockel, le 18 mars 2008, après que certains dirigeants africains avaient modérément apprécié ses déclarations au sujet des liens entre la France et les pays de l’ex-pré carré. Considéré comme proche de Nicolas Sarkozy à l’époque, il quitte le gouvernement, un peu plus de deux ans après sa prise de fonction.
Sa démission a été acceptée par l’Élysée. « Les fonctions d’Alain Joyandet seront exercées par Bernard Kouchner », ministre des Affaires étrangères, a précisé la présidence française dans un communiqué, en attendant que son successeur soit nommé.
Cet événement, fâcheux pour l’image du gouvernement de François Fillon, intervient en même temps que d’autres révélations mettant en cause des ministres français.
D’ailleurs, le secrétaire d’État chargé du Développement de la région de Paris, Christian Blanc, a également présenté ce dimanche sa démission. Le Canard Enchaîné a révélé il y a peu que l’homme a acheté pour 12 000 euros de cigares cubains sur des fonds publics.
D’autres membres du gouvernement sont mis en cause pour loger dans des hôtels hors de prix ou faire occuper leur logement de fonction par leur famille et le ministre du Travail, Éric Woerth, est lui accusé de « conflit d’intérêts. Il a en effet été ministre du Budget (de 2007 à mars 2010) à une époque où son épouse gérait une partie de la fortune de l’héritière du géant des cosmétiques L’Oréal, Liliane Bettencourt, soupçonnée de possibles fraudes fiscales. (avec agences)
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