La Tunisie se dote d’un nouveau gouvernement d’ « union nationale »
Le nouveau gouvernement tunisien prend le chemin de la « rupture » avec l’ancien régime. Il intègre des figures de l’opposition, de la société civile et des syndicats tunisiens. Sa mission : organiser des élections d’ici six mois.
Tandis que la rue demandait, à travers de nombreuses manifestations dans le pays, la disqualification de l’ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), les noms qui circulaient depuis hier au sujet de la composition du gouvernement de transition ont été confirmés. Le Premier ministre tunisien sortant Mohamed Ghannouchi, qui assure temporairement la transition du régime en Tunisie depuis la chute du président Zine el-Abidine Ben Ali vendredi, vient de révéler lundi 17 janvier la composition du nouveau gouvernement. Y figurent trois leaders de l’opposition qui devront, avec les autres ministres de ce gouvernement dit d’ « union nationale », mener à bien la période politique qui démarre et préparer des élections présidentielle et législatives.
Ce nouvel exécutif regroupe donc des représentants des partis de l’ancienne opposition tels que Néjib Chebbi au Développement régional, Ahmed Brahim à l’Enseignement supérieur, Mustapha Ben Jaafar à la Santé. Mais également des représentants de la société civile aux compétences reconnues, tels que Faouzia Charfi, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Enseignement supérieur ou Néjib Karafli, secrétaire d’État auprès du ministre du Développement local et régional.
Le blogueur Slim Amamou secrétaire d’État
Moncer Rouissi et Mohamed Jgham, anciens membres du gouvernement ont été rappelés au ministère des Affaires sociales pour le premier et au Tourisme pour le second. Ahmed Friaa, à l’Intérieur, Ridha Chelghoum, aux Finances, Ridha Grira, à la Défense sont nommés aux postes qu’ils occupaient dans le gouvernement précédent. En tout, six membres du gouvernement de Ben Ali sont reconduits, dont le Premier ministre.
La vraie surprise vient d’un outsider, le jeune blogueur Slim Amamou, arrêté lors des émeutes et accusé de pirater les sites des institutions tunisiennes. Il a été nommé secrétaire d’État auprès du ministre de la Jeunesse et des Sports.
La taille du gouvrenement – 23 portefeuilles de ministre et 14 secrétariats d’État – exprime l’ampleur de la tâche pour assurer la transition jusqu’aux prochaines élections qui devraient se tenir dans six mois. Trois commissions nationales joueront également un rôle majeur, celle de la réforme politique, présidée par Yadh Ben Achour, celle de l’établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption et, enfin, celle chargée d’établir les abus de la dernière période.
Des élections d’ici à six mois
Le nouveau gouvernement intègre donc des opposants historiques, des représentants de la société civile ou de syndicats tunisiens, mais aucun islamiste. Dans un entretien à la télévision française I-Télé, après l’annonce du gouvernement, l’opposant historique Moncef Marzouki a dénoncé une « mascarade », fustigeant une « fausse ouverture » avec le maintien de ministres de Ben Ali. Marzouki a cependant déjà annoncé sa candidature à l’élection présidentielle.
« Des élections seront organisées dans six mois au plus tard », a déclaré Ghannouchi, sur la chaîne de télévision Al-Arabiya. « La Constitution prévoit la tenue d’élections dans 45 à 60 jours […], un délai qui n’est pas suffisant » pour mener les réformes nécessaires à l’organisation d’élections démocratiques, a-t-il estimé.
Un délai de six mois, convenu lors des consultations avec les partis d’opposition ayant précédé la formation du gouvernement d’union nationale, « est raisonnable », a-t-il dit. Cela doit permettre au gouvernement de « réformer la législation » et donnera « aux partis le temps de s’organiser et de se préparer aux élections pour que le scrutin ne soit pas de pure forme », a-t-il expliqué. Mohammed Ghannouchi a également annoncé la prochaine libération de tous les prisonniers politiques.
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