États-Unis – Chine : vers un deal sino-américain sur l’Afrique ?

Des négociations au plus haut sommet sont engagées entre la Chine et les États-Unis sur la possibilité de leur coopération mutuelle avec des pays africains. Mais Pékin et Washington n’ont pas tout a fait la même vision stratégique. Explications.

Les présidents chinois et américain Hu Jintao et Barack Obama, en avril 2009 à Londres. © Reuters

Les présidents chinois et américain Hu Jintao et Barack Obama, en avril 2009 à Londres. © Reuters

Publié le 11 novembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Le secrétaire d’État adjoint pour les affaires africaines, Johnnie Carson, était jeudi à Pékin pour présider le cinquième cycle des rencontres États-Unis – Chine sur l’Afrique (U.S.-China sub-dialogue on Africa, voir ici sur WikiLeaks la note diplomatique américaine sur ce sujet). Ce voyage entre dans le cadre de la tournée de Carson en Chine, au Japon et en République de Corée du 8 au 15 novembre. La Chine et les États-Unis sont dorénavant les principaux partenaires économiques du continent avec un volume annuel d’échanges tournant autour de 100 milliards de dollars, pour chacun des deux pays.

La majeure partie des ces échanges est liée aux achats d’hydrocarbures et de produits miniers. L’empire du Milieu n’est pas opposé à un partenariat sino-américain en Afrique mais a, d’ores et déjà, posé ses conditions : la prise en compte des intérêts des pays africains, le soutien à des petits projets dans l’agriculture et la santé, le recours aux mécanismes de coopération existants. Le ministère chinois des Affaires étrangères suggère de commencer la coopération trilatérale dans des pays où les deux grandes puissances entretiennent de bonnes relations comme l’Éthiopie, le Ghana et le Liberia.

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Les Africains méfiants

Dans un câble américain récent sur WikiLeaks consultable ici, les Américains révèlent toutefois que les États africains sont très méfiants à l’égard de ce nouveau partenariat. Ils redoutent, comme avec l’Europe, que les États-Unis en profitent pour introduire des conditions politiques à l’octroi de l’aide et craignent une réduction des financements. Des préoccupations résumées dans la note confidentielle par la phrase suivante : « African don’t want conditions, they want options (les Africains ne veulent pas de conditions mais des options, NDLR) ». Un câble qui explique également que l’arrivée des chinois en Afrique est assez bien perçue par les autorités du continent car elles tirent bénéfice cette concurrence au niveau politique, diplomatique et financier.

Pour les Américains, les Chinois pourraient se servir de cet argument pour ne pas concrétiser le dialogue sino-américano-africain, car il pourrait leur être moins profitable à terme que de simples relations bilatérales avec les pays du continent. Le département du commerce conseille de travailler avec les organisations régionales et les mécanismes comme le Comprehensive Africa Agriculture Developement Program (CAADP) pour sensibiliser leurs partenaires africains à la coopération trilatérale. Il recommande aussi d’associer les Africains aux débats. Affaire à suivre…

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