Maroc : Abdelilah Benkirane soigne ses relations avec le patronat

Dans le cadre de la signature d’un mémorandum d’entente avec la confédération patronale CGEM, le Premier ministre marocain Abdelilah Benkirane s’est livré à un discours résolument favorable à la libre entreprise.

Benkirane : « Quand les entreprises marocaines fonctionnent bien, la société fonctionne bien ». © Abdelhak Senna/AFP

Benkirane : « Quand les entreprises marocaines fonctionnent bien, la société fonctionne bien ». © Abdelhak Senna/AFP

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Publié le 7 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

Volontariste, marqué du sceau de la lutte contre la corruption et résolument favorable aux entreprises marocaines : le discours – très attendu – du chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane au monde de l’entreprise a été très applaudi et très apprécié. Le 6 mars en fin de journée, à l’occasion de la signature à Skhirat d’un mémorandum d’entente avec la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM, le principal syndicat patronal du pays), Abdelilah Benkirane a lancé : « Quand les entreprises fonctionnent bien, la société fonctionne bien ».

Un accord inédit

« Ce mémorandum d’entente, c’est davantage un cadre de travail, explique Mohamed Horani, président de la CGEM. Il institutionnalise la relation patronat/gouvernement et fixe une méthodologie. Est ainsi créé un conseil de coordination co-présidé par le chef du gouvernement marocain et le président de la CGEM. Il se réunira chaque trimestre et fixera la mise en place de commissions mixtes. » Le document rappelle également les référentiels de chaque signataire : le programme gouvernemental d’un côté, la Vision 2020 de l’autre. Sont également listés plusieurs domaines de travail prioritaires : l’emploi, la compétitivité, l’enseignement, la formation professionnelle, la recherche et développement, l’innovation, les nouvelles technologies, la justice, le climat des affaires, la régionalisation, la gouvernance, l’investissement, l’épargne, le financement et le développement durable. « Mais la liste n’est pas exhaustive », souligne Mohamed Horani.

F.M.

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De quoi réjouir les 500 patrons marocains présents, dont plusieurs de premier rang (Othman Benjelloun, Abdeslam Ahizoune, entre autres), aux côtés de la quasi-totalité du gouvernement, de plusieurs syndicats et des dirigeants des principaux organismes publics. Séducteur, excellent orateur, le Premier ministre a promis aux entrepreneurs « une administration à leur service » et « pas le contraire », la restauration d’un climat de confiance avec l’État, la facilitation de la vie de leurs entreprises… Et a même lancé, en réponse aux interrogations d’un syndicaliste présent dans la salle : « Êtes-vous d’accord avec le fait que les syndicats envahissent les lieux publics ? Qu’ils empêchent ceux qui veulent travailler de travailler ? »

Fin des passe-droits

Quelques semaines après le placement en détention de l’ancien directeur général de l’Office national des aéroports (ONDA), Abdelhanine Benallou, au lendemain de l’annonce du contrôle judiciaire de l’ancien président du Crédit Immobilier et Hôtelier et ancien ministre Khalid lioua, Abdelilah Benkirane était également attendu sur la question des passe-droits. Sans surprise, il a martelé l’engagement de son gouvernement dans la lutte en faveur de la transparence et contre la corruption.

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« On ne va pas éradiquer la corruption immédiatement mais nous y arriverons car elle est nuisible à l’économie marocaine. » Avant d’ajouter : « pendant les 50 dernières années, les entreprises étaient devenues les partenaires du régime. Il faut que les entreprises fonctionnent normalement. » Sur le même sujet, Abdelilah Benkirane s’est voulu très ferme : « Maintenant, tout est clair, tout est droit. La méthode que nous allons lancer est l’intégrité partagée. »

Se félicitant de sa bonne relation avec Mohamed Horani, patron des patrons, avec qui il a eu le temps de dialoguer longuement lors du Forum de Davos, il a exhorté les investisseurs à investir massivement et les patrons à œuvrer sans relâche pour « créer du travail » tout en respectant les droits des employés.

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Par Frédéric Maury, envoyé spécial à Skhirat
 

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