Tchad : le député d’opposition Gali Ngothé Gatta libéré
Après deux mois de détention, le député tchadien Gali Ngothé Gatta a été libéré mardi 24 avril. Arrêté le 4 mars, accusé de corruption et braconnage, l’élu dénonce une affaire politique montée de toute pièce, destinée à contrer l’opposition.
« J’éprouve la joie de recouvrer la liberté, le plaisir de constater que tous les juges ne sont pas pourris ». Tels ont été les mots prononcés ce mercredi 25 avril par l’opposant tchadien Gali Ngothé Gatta, interviewé sur RFI au lendemain de sa libération.
Arrêté le 4 mars, le député de l’Union des forces démocratiques (UFD, parti d’opposition) avait été condamné à un an de prison ferme et 200 000 F CFA d’amende (305 euros) pour tentative de corruption, détention illégale d’arme et complicité de braconnage. Après deux mois de détention, il a finalement été relaxé par les juges de la Cour d’appel de Moundou, faute de preuves, et libéré mardi 24 avril. Si le ministère public tchadien envisage de se pourvoir en cassation, cette procédure n’est pas suspensive, ce qui a donc permis à l’élu de recouvrer sa liberté. Un soulagement pour ceux qui n’ont eu de cesse de dénoncer les motifs et les conditions de son incarcération.
Emprisonné dans un premier temps à la maison d’arrêt de Sarh (dans le sud du pays), où il avait été arrêté, Gali Ngothé Gatta décrit les conditions de sa détention comme « dramatiques ». Sur RFI, c’est le mot « insécurité » qu’il a prononcé à plusieurs reprises, évoquant des « tentatives d’empoisonnement alimentaire » ou encore le fait qu’on avait essayé de lui « tirer dessus ». Après son transfert à Moundou, la situation s’est un peu améliorée, et le prisonnier a pu, cette fois, recevoir amis et collègues. De quoi « supporter la détention pénible » et découvrir aussi la « levée de bouclier », « l’élan de solidarité » qu’avait entraînée cette affaire hors de la prison, au Tchad mais aussi hors des frontières.
Affaire politique
Car pour les défenseurs de Gali Ngothé Gatta, cette affaire, éminemment politique, a été montée de toutes pièces, le braconnage de phacochères n’étant qu’une excuse pour écarter l’opposant. « Je ne peux pas dire qu’il y a une main politique en haut lieu, a pour sa part déclaré Gali, mais sur le plan local, la première personne concernée dans cette affaire est quand même le premier secrétaire général adjoint du parti au pouvoir au niveau départemental. » En effet, pour les détracteurs du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir), Haroun Kabadi, actuel président de l’Assemblée nationale et secrétaire général du parti, n’aurait pas supporté l’élection de Gali dans la même circonscription que lui.
« C’est normal que l’opposition se mette à crier, a rétorqué le président de l’Assemblée. Mais j’ai la conscience tranquille (…) Je ne vois pas quel intérêt je tirerais de son arrestation. Les actes qui lui sont reprochés sont avérés », a ajouté Haroun Kabadi.
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