Présidentielle algérienne : flops à répétition pour les VRP de Bouteflika
Incapable de faire campagne en raison de sa santé fragile, Abdelaziz Bouteflika a chargé ses proches de sillonner le pays pour convaincre les Algériens de lui confier un quatrième mandat présidentiel. Retour sur un périple loin d’être de tout repos.
Abdelmalek Sellal a eu chaud jeudi 27 mars à Ouargla, ville du sud du pays durement touchée par le chômage. Pour un de ses premiers meetings de campagne, le directeur de campagne d’Abdelaziz Bouteflika a été chahuté par plusieurs dizaines de chômeurs. Munis de pancartes contre le pouvoir en place, les protestataires sont entrés dans la salle et ont scandé plusieurs slogans hostiles tels "Ya Sellal le menteur, où est l’emploi de jeunes ?" ou encore "Le droit au travail avant le devoir de voter". Après avoir tenté de leur répondre, l’ancien Premier ministre a été contraint de quitter la salle précipitamment, son cortège étant finalement visé par des jets de pierre.
Le même jour, les ministres Amar Ghoul et Amara Benyounes, respectivement président du Tajamou Amal el-Jazaïr (TAJ, le Rassemblement espoir de l’Algérie), et secrétaire général du Mouvement populaire algérien (MPA), ont été contraints d’annuler deux meetings à la dernière minute dans la wilaya de Boumerdès faute de participants. D’après un cadre du FLN interrogé par le quotidien El Watan, les organisateurs ont préféré faire une croix sur ces réunions par "crainte d’éventuels débordements et d’actions de protestation de la part des opposants au quatrième mandat" d’Abdelaziz Bouteflika.
>> Lire aussi : l’ENTV diffuse des images d’Abdelaziz Bouteflika parlant de manière audible
Vendredi 28 mars. Mohamed Cherif Abbas hué à Aïn Touta
Mohamed Cherif Abbas, l’inamovible ministre des Moudjahidine (anciens combattants), ne devait pas s’attendre à un tel accueil dans sa région d’origine. Lors d’un meeting de soutien au président sortant à Aïn Touta, à une quarantaine de kilomètres au sud de Batna (Aurès), sa ville natale, il a été reçu de façon très hostile par le public, qui l’a contraint à écourter son passage.
Dimanche 30 mars. Même à Marseille…
Après leurs premiers déboires en Algérie, Amar Ghoul et Amara Benyounès se sont retrouvés en difficulté à Marseille. Venus dans la cité phocéenne pour tenter de rallier son importante communauté algérienne à la candidature d’Abdelaziz Bouteflika, les deux ministres ont été pris à partie par des opposants et supporters d’Ali Benflis. Selon plusieurs médias, quelques manifestants ont même tenté d’agresser physiquement Amar Ghoul et Amara Benyounès alors qu’ils sortaient de la salle après le meeting.
Lundi 31 mars. En visite à Tébessa, Sellal est à nouveau chahuté
Après sa blague de mauvais goût sur les Chaouis (les Berbères des Aurès), Abdelmalek Sellal était attendu de pied ferme à Tébessa, dans l’est du pays. Des jeunes ont perturbé la fin de son meeting dans la salle du complexe sportif municipal, cassant des chaises, arrachant des posters de Bouteflika et lançant des projectiles vers la tribune. Le directeur de campagne du président-candidat a finalement quitté la ville sous bonne escorte des gendarmes du DSI (Détachement spécial d’intervention).
Mardi 1er avril. Ghoul et Benyounes sous tension à Tizi Ouzou
Le tandem Amara Benyounès-Amar Ghoul n’est visiblement jamais tranquille. Lors d’un meeting à Tizi Ouzou, en Kabylie, les deux VRP du président-candidat Bouteflika ont à nouveau subit les invectives d’une centaine de manifestants massés devant la maison de la Culture de la ville, où se tenait la réunion. Les opposants au quatrième mandat ont été soigneusement tenus à l’extérieur par les forces de l’ordre tout le long du meeting, ce qui ne les a pas empêchés de faire entendre leurs slogans hostiles à Bouteflika.
Samedi 5 avril. Meeting annulé et violences à Béjaïa
C’est sans doute l’épisode le plus tendu depuis le début de la campagne électorale. Samedi 5 avril, Abdelmalek Sellal a été contraint d’annuler un meeting à Bejaïa, en Kabylie, en raison d’affrontements violents entre forces de l’ordre et manifestants.
Des centaines de personnes hostiles à un quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika ont cerné la salle où devait se tenir la réunion et empêché l’équipe de campagne d’y accéder, malgré l’intervention des forces de l’ordre utilisant du gaz lacrymogène. Alors que la ville grondait, Abdelamelk Sellal n’a lui même pas pu sortir de l’aéroport. Une quinzaine de personnes ont été blessées au cours de cette journée explosive.
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Benjamin Roger
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