Un attentat « étranger aux valeurs de l’islam »
Condamnant fermement l’attentat survenu près de l’ambassade de France en Mauritanie, qui a blessé trois personnes et coûté la vie au kamikaze, les responsables religieux ont appelé à une lutte accrue contre l’embrigadement des jeunes à des fins de terrorisme.
La classe politique unanime et les plus éminents religieux de Mauritanie ont condamné le premier attentat suicide de l’histoire du pays, ayant fait aussi trois blessés très légers samedi près de l’ambassade de France, comme un "procédé totalement étranger" à la société mauritanienne et à l’islam.
Au journal de 20H00 de la télévision d’Etat, la seule du pays, les responsables religieux de la République islamique de Mauritanie ont vivement dénoncé dimanche cette attaque visant des résidents étrangers "que l’islam exige de protéger au même titre que les nationaux".
Tout en présentant des excuses aux téléspectateurs qui pourraient en être choqués, la télévision publique a diffusé à maintes reprises les images du corps déchiqueté du kamikaze qui s’était fait exploser, samedi soir à proximité de l’ambassade de France à Nouakchott. Deux gendarmes français qui faisaient leur jogging avaient été très légèrement blessés, de même qu’une Mauritanienne.
Lavage de cerveau
Ce type d’action "ne peut se justifier dans aucune religion du monde" a déclaré l’imam de la grande mosquée de Nouakchott, Ahmedou Ould Lemrabot. Ce jeune homme qui "s’est tué et a tenté de tuer d’autres personnes" ne "goûtera pas au paradis promis par Allah et son prophète Mahomet aux musulmans" a-t-il insisté.
De son côté, l’érudit Mohamed Hassan Ould Dedew, chef spirituel des islamistes du parti Tawassoul (modéré), a vivement dénoncé, au cours d’un débat en direct, l’acte de ce jeune "égaré" qui a "subi un lavage de cerveau auquel il faut faire face par le prêche et le dialogue".
"Ce sont des gens qui n’ont pas une bonne appréhension de notre religion, ils s’attaquent d’abord à eux-mêmes puis aux étrangers, dont la quiétude et la sécurité sont exigés par les percepts de l’islam" a insisté Ould Dedew.
Acte barbare
La classe politique, très divisée depuis le coup d’Etat mené il y a un an par le général Mohamed Ould Abdel Aziz, s’est montrée unanime à rejeter "l’acte barbare".
L’Union pour la République (UPR) – parti majoritaire au Parlement, qui soutient l’action de l’ex-putschiste Ould Abdel Aziz élu président en juillet – a appelé à constituer "une union sacrée" autour du nouveau chef d’Etat "face au terrorisme".
Dans son communiqué, l’UPR évoque "une déviance totalement étrangère" à la société mauritanienne et appelle "tous les jeunes égarés, embrigadés dans ces factions terroristes (. . . ) à revenir à la raison et à réintégrer le cortège des bâtisseurs de la République Islamique de Mauritanie".
Du côté des anti-putsch, le Front national pour la défense de la démocratie (coalition de partis formée pour dénoncer le coup d’Etat d’août 2008) a évoqué un "procédé totalement étranger" à la société mauritanienne ainsi qu’"aux valeurs et enseignements de la sainte religion".
Il a appelé "l’ensemble des Mauritaniens soucieux de préserver la stabilité du pays à se dresser contre la culture de violence barbare qui embrigade des jeunes gens innocents à des fins douteuses qui mettent en péril l’unité du peuple (mauritanien) et son existence même".
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