Paris réaffirme sa neutralité avant la présidentielle gabonaise
La France soutient qu’elle n’a pas de candidat pour la présidentielle gabonaise du 30 août. Elle avoue cependant regarder de près cette élection, notamment en raison de ses importants intérêts au Gabon.
Paris fait profil bas et assure de sa neutralité à l’approche de la présidentielle au Gabon, pays pivot de son influence en Afrique qui bascule dans l’inconnu après plus de 40 ans de stabilité et de relations privilégiées sous la présidence d’Omar Bongo.
"La France regarde cette élection avec beaucoup d’attention", déclare le secrétaire d’Etat à la Coopération Alain Joyandet. Mais "la seule chose qu’elle fait dans cette élection, c’est d’aider au déroulement normal des opérations", précise-t-il à l’AFP.
Depuis le décès en juin d’Omar Bongo Ondimba, l’un des piliers de la "Françafrique", Paris cherche à dissiper les soupçons d’ingérence dans les affaires de ce petit "émirat" pétrolier d’Afrique centrale.
"Paris n’a pas de candidat pour cette élection"
La France dispose dans son ex-colonie d’une base militaire permanente (près d’un millier d’hommes), quelque 120 entreprises dont le géant pétrolier Total y sont présentes, et le Gabon compte une forte communauté française d’environ 10. 000 ressortissants.
"Paris n’a pas de candidat pour cette élection", assure M. Joyandet. Une position martelée par les responsables français dont le président Nicolas Sarkozy à l’attention de ceux, notamment au Gabon, qui soupçonnent la France de soutenir Ali Bongo, fils du président défunt et favori du scrutin.
Une impression que n’a pas aidé à balayer l’avocat franco-libanais Robert Bourgi, proche du clan Bongo et considéré comme un des gardiens des secrets de la "Françafrique", qui déclarait en juin soutenir à titre personnel Ali Bongo tout en se targuant d’avoir la "totale confiance" de M. Sarkozy.
"Je sens que c’est tendu. C’est palpable"
Cette question peut être sensible au lendemain du scrutin du 30 août, alors que la "régularité" des listes électorales est mise en cause par l’opposition et que plusieurs observateurs constatent une "forte aspiration au changement" dans le pays. "Il y a des risques" pour les Français au Gabon si Ali Bongo remporte l’élection, si "sa victoire est très contestée et que la France apparaît comme soutenant Ali, ce qu’elle ne fait pas", estime un diplomate.
Le Quai d’Orsay a publié une alerte aux voyageurs appelant à "suivre avec attention" la situation au Gabon. "Je sens que c’est tendu. C’est palpable", indique un chef d’entreprise français à Libreville, sous couvert d’anonymat. "Il y a une incertitude dans le monde économique, tous les dossiers sont en attente", ajoute-t-il.
Mais à Paris, on se refuse à tout alarmisme. "Il y a bien sûr un peu de tension à l’approche du jour du scrutin, mais rien de véritablement préoccupant", assure un autre diplomate.
La diplomatie française n’a cependant pas baissé la garde durant l’été, en recevant les principaux candidats à Paris où ils étaient aussi venus faire campagne auprès de la communauté gabonaise. "Le message a toujours été le même", rapporte une source diplomatique. "Premièrement, la France n’a pas de candidat. Deuxièmement, tout ce qu’on vous demande c’est de respecter les institutions pour que les choses se passent le mieux possible dans le respect du choix des Gabonais".
Aucun des candidats "n’est hostile aux intérêts de la France"
Passée la période sensible de l’immédiat après-scrutin, Paris, qui est le premier fournisseur du Gabon et son deuxième client, se veut confiant sur l’avenir des relations bilatérales.
Aucun des candidats "n’est hostile aux intérêts de la France", assure le premier diplomate, "même si Ali Bongo peut apparaître comme l’homme le mieux à même de garantir une stabilité au Gabon".
Pour autant, il estime que l’ex-ministre de la Défense n’a pas les qualités de fin stratège politique de son père. "Le danger pour lui, c’est de vouloir passer en force", souligne le diplomate. Quant à "l’aspect personnel" des relations franco-gabonaises, incarnées par Omar Bongo qui a souvent aidé la France dans plusieurs dossiers régionaux, il "changera forcément", estime-t-on à Paris.
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