Obama coince le Soudan entre la carotte et le bâton

Le président américain Barack Obama a annoncé lundi une diplomatie plus active envers le régime soudanais, renforçant à la fois les incitations et la menace de sanctions, en particulier au cas où se poursuivrait le « génocide » au Darfour.

Publié le 19 octobre 2009 Lecture : 2 minutes.

"Si le gouvernement du Soudan agit pour améliorer la situation sur le terrain et faire avancer la paix, il y aura des incitations, s’il ne le fait pas, alors il y aura des pressions accrues imposées par les Etats-Unis et la communauté internationale", a dit M. Obama dans un communiqué.

Le président a réclamé avant tout "une fin définitive au conflit, aux violations des droits de l’homme et au génocide au Darfour", province de l’ouest du Soudan.

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Le département d’Etat avait dévoilé quelques instant auparavant la nouvelle politique des Etats-Unis vis-à-vis du Soudan.

Régler "simultanément" les crises

Suivant cette nouvelle approche, les Etats-Unis vont traiter le conflit du Darfour et celui entre le Nord et le Sud "simultanément et en tandem" car les deux contribuent à l’instabilité du pays, a indiqué la secrétaire d’Etat Hillary Clinton.

L’administration va veiller en particulier à la mise en oeuvre de l’accord fragile signé en 2005 entre le régime de Khartoum et la rébellion au sud du pays, qui prévoit des élections dans six mois et un référendum d’autodétermination en 2011.

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Les élections ont déjà été reportées deux fois, et Washington exige désormais un processus "crédible", a dit la chef de la diplomatie américaine.

"Nous avons fini depuis longtemps de croire les uns et les autres sur parole", a également insisté Mme Clinton en soulignant que l’évaluation des progrès sur le terrain serait plus rigoureuse.

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Mesurer les progrès

Selon des sources anonymes au département d’Etat, les Etats-Unis entendent mesurer les progrès en fonction de plusieurs avancées concrètes et "urgentes".

Au Darfour, Washington attend "la sécurité sur le terrain et un cessez-le-feu". Et dans le conflit Nord/Sud, il s’agira d’"achever les préparatifs des élections et de faire aboutir la négociation sur le tracé des frontières. "

Le détail des mesures "incitatives" et "dissuasives" envers Khartoum est consigné dans une annexe confidentielle au texte stratégique publié lundi, ont précisé de hauts responsables américains.

Dernier aspect de la révision, Washington promet de peser auprès des autres capitales pour "traduire la préoccupation internationale en véritable engagement international", a dit Mme Clinton.

La diplomatie américaine soulignait lundi l’exemple de la Chine, qui puise du pétrole au Soudan et "a un intérêt stratégique à ce que le pays soit stable".

Pas de contact avec El-Béchir

Washington continuera d’éviter tout contact direct avec le président soudanais Omar el-Béchir, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Les ONG ont accueilli la révision avec une satisfaction prudente.

"L’inconnue majeure, c’est le niveau d’énergie diplomatique qui sera injecté", a estimé Sam Bell, du Genocide Intervention Network. En d’autres termes, "est-ce une stratégie ou un morceau de papier?".

Les associations attendent beaucoup d’Obama

Jerry Fowler, président de la Save Darfur Coalition, a appelé M. Obama à "un engagement personnel substantiel", lui demandant de faire du Soudan une priorité de son prochain voyage en Chine, en novembre.

Khartoum voit des "points positifs" dans la nouvelle politique des Etats-Unis vis-à-vis du Soudan, a réagi Ghazi Salaheddine, conseiller du président el-Béchir, tout en jugeant "malencontreuse" l’utilisation par Washington du mot "génocide" au sujet du Darfour.

Depuis 2003, le conflit au Darfour a fait 300. 000 morts selon l’ONU, et 10. 000 selon le gouvernement soudanais.

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