Trois mois pour organiser la présidentielle
La date de l’élection ivoirienne vient enfin d’être fixée, après cinq années de tergiversations. Mais les quelques mois qui séparent le pays du scrutin vont devoir être mis à profit pour régler rapidement certains « détails » qui ont jusque là freiné le porcessus électoral.
Moins de trois mois pour organiser le 31 octobre une présidentielle repoussée depuis 2005 : le défi est lourd pour la Côte d’Ivoire, avec une liste électorale encore à finaliser et le désarmement des ex-rebelles seulement à l’état d’ébauche. Pour la première fois depuis le rendez-vous électoral manqué du 29 novembre 2009, une échéance a été donnée jeudi 5 août pour ce scrutin sans cesse reporté depuis la fin du mandat du président Laurent Gbagbo en 2005, et censé clore la crise née du putsch raté de 2002.
Chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient le nord du pays depuis huit ans, le Premier ministre Guillaume Soro a exprimé son "optimisme". "Je dis à tous : cette année verra se tenir l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire", a assuré de son côté M. Gbagbo, vendredi dans un message à la Nation prononcé à la veille du cinquantenaire de l’indépendance du pays.
Cependant, la laborieuse "sortie de crise" doit encore passer par des étapes délicates d’ici au "jour J".
Première obligation : produire une liste électorale définitive. Son élaboration a tourné au feuilleton ces derniers mois, sur fond d’accusations de "fraude" portées par le camp Gbagbo contre l’opposition menée par l’ex-président Henri Konan Bédié et l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Le sujet est ultra-sensible car il touche à la question de la nationalité, au coeur de la crise ivoirienne, et qui divise depuis une quinzaine d’années ce pays de forte immigration.
Depuis des mois, la liste électorale provisoire de quelque 5,7 millions d’inscrits est en chantier. La phase de traitement des réclamations par les tribunaux doit redémarrer dans les prochains jours. Elle avait dû être interrompue en urgence en février, après des violences de militants d’opposition s’estimant arbitrairement exclus.
Une décision "politique", selon l’expression du Premier ministre, doit aussi être prise après la "vérification" spéciale des inscriptions de quelque 850 000 personnes, réalisée sur l’insistance du camp présidentiel et qui aurait fait apparaître au moins 100 000 cas problématiques. "Il faut les laisser en rade", a dit un proche du chef de l’Etat, qui y voit "la prochaine polémique" au regard de l’hostilité de certains membres de l’opposition à une telle mesure.
Or, il y a urgence : la plupart des acteurs s’accordent à dire que vers fin août-début septembre la liste définitive devra être prête, pour respecter la date du 31 octobre.
La donne se complique avec la situation des FN. Selon le dernier accord de paix signé fin 2008, leur désarmement doit être achevé deux mois avant le vote. Soit, désormais, fin août. Pour l’heure, quelques centaines d’éléments seulement sont cantonnés à Korhogo (nord), sur un total de 5 000 hommes à "encaserner".
Les partisans de M. Gbagbo continuent de faire de cette opération une condition essentielle du scrutin. Tout en affirmant que les fonds nécessaires vont être bientôt débloqués, l’entourage de M. Soro juge quant à lui que "le désarmement n’a rien à voir avec l’élection".
Pour la liste comme pour le désarmement, "chaque camp pose ses réserves", regrette une source diplomatique occidentale. Et si les pro-Gbagbo ont plaidé par le passé pour une élection "propre" dans un pays réunifié, même au prix de retards, l’opposition assure que le 31 octobre est "la date limite".
Elu en 2000 pour cinq ans, le président Gbagbo bouclera alors dix ans de pouvoir à la faveur d’un "deuxième mandat" contesté.
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