Lucien Marie Noël Bembamba : « Le Burkina Faso vise les 10 % de croissance »

En tournée à Paris pour convaincre les bailleurs de fonds de financer son plan de développement, le grand argentier burkinabè Lucien Marie Noël Bembamba est reparti avec 4 milliards d’euros d’engagements.

Lucien Marie Noël Bembamba, ministre de l’Économie et des Finances. © Bruno Levy pour J.A.

Lucien Marie Noël Bembamba, ministre de l’Économie et des Finances. © Bruno Levy pour J.A.

Publié le 23 février 2012 Lecture : 3 minutes.

Du 1er au 3 février, au siège parisien de la Banque mondiale, une délégation gouvernementale est venue convaincre des investisseurs, institutionnels et privés, de contribuer au financement de la politique de développement du Burkina Faso d’ici à 2015. La Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (Scadd) doit mobiliser 11,4 milliards d’euros.

Jeune Afrique : Vous venez de réunir les bailleurs de fonds à Paris pour financer en partie votre plan de développement. Quel bilan en tirez-vous ?

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Lucien Marie Noël Bembamba : L’objectif était de montrer à nos partenaires que nous avons une vision pour notre développement, puis de la leur faire partager pour qu’ils nous accompagnent financièrement. Malgré la crise, ils ont maintenu leurs engagements. Sur un objectif de 4,2 milliards d’euros de financements extérieurs, nous avons atteint 96 % de nos besoins. Soit environ 4 milliards d’euros. Les principaux donateurs sont l’Union européenne, avec 650 millions d’euros, la Banque mondiale et les États-Unis, avec 611 millions chacun.

L’agriculture et les mines sont les piliers de ce plan 2011-2015…

Nous avons en effet ciblé des secteurs prioritaires qui ont un fort potentiel de croissance et pour lesquels nous avons un avantage comparatif. C’est d’abord l’agro-industrie. Nous avons beaucoup de terres en déficit d’exploitation, que nous voulons utiliser pour assurer la sécurité alimentaire, exporter dans la sous-région et faire de la transformation.

Et les mines ?

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L’or est notre ressource principale. De 35 tonnes en 2011, nous visons 42 t en 2012. Nous avons aussi du zinc et du manganèse en exploitation. Et le site de manganèse le plus important, celui de Tambao, un vieux projet, est relancé. Nous désignerons un exploitant dans les semaines à venir. Maintenant, notre plus grand défi est d’en tirer des bénéfices.

Vous visez une croissance à deux chiffres. N’est-ce pas ambitieux ?

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Nous visons 10 % de croissance par an. En 2010, nous avons fait 7,9 %. Donc ce n’est pas hors de portée. Avec la mise en oeuvre du plan, nous espérons une hausse de 7 % à 8 % du PIB en 2012.

L’État doit apporter 7,4 milliards d’euros sur cinq ans pour financer la Scadd. C’est énorme…

Nous voulons financer 63 % de la Scadd avec nos propres ressources. C’est un signal fort que nous voulons donner [la Scadd 2000-2010 avait été financée à 80 % par l’extérieur].

Cela veut-il dire que les impôts vont flamber ?

Non, cela signifie une meilleure organisation en matière de gestion des ressources internes. Nous mettrons l’accent sur la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales.

Regardez l’interview vidéo de Lucien Marie Noël Bembamba :

Au Burkina Faso, les recettes fiscales représentent 13 % du PIB, contre 17 % au niveau communautaire. Depuis deux ans, nous avons fait des efforts. En 2011, nos ressources propres ont atteint 800 milliards de F CFA [1,2 milliard d’euros], contre 720 milliards prévus.

Ces efforts seront-ils suffisants ?

Nous comptons aussi mobiliser l’épargne. Nous avons la chance d’avoir un marché financier régional que nous souhaitons solliciter à travers des emprunts obligataires. En 2012, nous avons prévu de lever 35 milliards de F CFA.

Enfin, la stabilité est une donnée clé pour un investisseur. Les troubles qui ont agité le Burkina Faso en 2011 sont-ils éteints ?

Concernant le climat politique et social, nous avons connu des remous au premier semestre 2011. Ils ont été circonscrits. Il n’y a pas eu de répression, mais une attitude d’écoute et de dialogue de la part du chef de l’État pour mieux comprendre ceux qui ont manifesté. Cela a permis de faire baisser la tension. Et pour les réformes politiques, un cadre de concertation est en place.

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Propos recueillis par Jean-Michel Meyer.

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