Italie : Beppe Grillo, un comique qui ne fait rire personne

Le programme économique du leader du Mouvement 5 étoiles, Beppe Grillo, conduirait inéluctablement l’Italie à la faillite.

Beppe Grillo. © AFP

Beppe Grillo. © AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 14 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Qui gouvernera la péninsule ? Et pour mener quelle politique ? Personne n’en sait rien. Après leur dégringolade dans les jours qui ont suivi le scrutin des 24 et 25 février, les Bourses et l’euro se sont un peu repris. Mais cette incertitude suscite, dans le monde entier, une profonde inquiétude.

Car l’économie italienne est malade. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB s’est réduit de 2,1 % en 2012 et menace de se contracter encore de 1 % cette année. La dette publique représente 126,3 % dudit PIB (après celle de la Grèce, c’est la plus lourde de la zone euro), et le taux de chômage des moins de 25 ans frôle les 40 %. Quant aux petites et moyennes entreprises, plus de cent mille d’entre elles ont, l’an dernier, mis la clé sous la porte.

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Comment, dans ces conditions, s’étonner que les électeurs se soient détournés de Mario Monti, le président du Conseil sortant ? Ses candidats ont recueilli moins de 10 % des suffrages, ce qui signifie que la purge infligée à son pays pour réparer les dégâts provoqués par le laxisme de Silvio Berlusconi, son prédécesseur, n’a pas été supportée. Les Italiens ont voté contre l’austérité.

Même s’ils ont placé la gauche en tête, les Italiens savaient que Pier Luigi Bersani, son patron, ne souhaite remettre en question ni les hausses d’impôts ni les économies budgétaires décrétées par il Professore, comme ils surnomment Monti. Aussi se sont-ils massivement tournés vers le Mouvement 5 étoiles lancé en 2009 par Beppe Grillo, ex-comique devenu populiste effréné qui jure de « renvoyer à la maison » les politiciens discrédités.

Bric-à-brac

Mais le programme de Grillo est un bric-à-brac d’un coût vertigineux – 78 milliards d’euros -, où la promesse pas si démagogique d’instaurer un revenu minimum mensuel de 1 000 euros voisine avec l’engagement aberrant de réduire à vingt heures la semaine de travail. Selon Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities, l’annulation de la dette et la sortie de l’euro qu’il préconise auraient pour premier résultat de « ruiner l’Italie ». Comment celle-ci trouverait-elle en effet un seul prêteur pour refinancer 213 milliards d’euros cette année ? Et comme l’Italie, troisième économie de la zone euro, est trop importante pour être soutenue financièrement par Bruxelles, la Banque centrale européenne et le FMI, sa faillite serait inévitable et déclencherait à coup sûr une nouvelle récession planétaire.

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Le monde entier espère qu’un gouvernement de coalition intégrera les élus « 5 étoiles » les moins déraisonnables. Ceux qui ne partagent pas le populisme du bateleur le plus populaire – quoique non élu – d’Italie. Et qu’il gardera le cap des réformes.

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