Juifs et musulmans : il était une fois Constantine

De la présence hébraïque dans la troisième ville du pays, il ne reste que quelques vestiges… et beaucoup de souvenirs.

Les juifs de Constantine sont des centaines à revenir après avoir abandonné la ville. © AFP

Les juifs de Constantine sont des centaines à revenir après avoir abandonné la ville. © AFP

Publié le 8 novembre 2013 Lecture : 2 minutes.

Juifs et musulmans : meilleurs ennemis
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Juifs et musulmans, meilleurs ennemis

Il suffit qu’on aborde la question d’Israël, et la brouille entre la communauté juive et la communauté musulmane semble insurmontable… Elles partagent pourtant des siècles d’histoire et de culture. Enquête sur un couple déchiré.

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"Les derniers juifs ont quitté Constantine après les premiers attentats terroristes, en 1992, affirme Abdelmadjid Merdaci, chercheur en sociologie à l’université Mentouri. Depuis lors, ils sont des centaines à revenir, en groupes ou à titre individuel, pour des visites régulières ou pour des pèlerinages sur les lieux de leurs racines. Malgré le poids de l’Histoire, les déchirures et l’éloignement, les juifs de Constantine ont rarement coupé les ponts avec cette ville."

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De la présence juive dans l’ancienne capitale des rois de Numidie – notamment Massinissa (202-148 av. J.-C.) et Jugurtha (118-105 av. J.-C.) -, il ne reste que des vestiges et des souvenirs. Dans l’ancienne médina de la ville, là où juifs et musulmans ont cohabité pendant des siècles, les anciennes maisons où vécurent les familles juives jusqu’à leur départ massif à l’indépendance tombent en ruines. Les habitations qui ont été épargnées par l’érosion ou par les destructions sont aujourd’hui occupées par des musulmans. La maison du chanteur pied-noir Enrico Macias, de son vrai nom Gaston Ghrenassia, dont le retour au bled avait été annoncé en fanfare en 2000 par le président Bouteflika ? Même les plus âgés des habitants du vieux Ksar Chaara peinent à la situer avec certitude. Il en va de même du domicile de son père adoptif, Raymond Leyris, figure emblématique du malouf (musique arabo-andalouse) dont l’assassinat, le 22 juin 1961, a précipité le départ de quelque 30 000 juifs de la ville. Hormis les vieux Constantinois qui ont connu cette époque, peu se souviennent du "cheikh Raymond"…

Le cimetière juif, souvent vandalisé, est rénové

Les synagogues qui se comptaient par dizaines avant la guerre d’indépendance ? Totalement disparues. L’une des dernières, située rue Thiers, dans la Casbah, a été transformée en centre culturel islamique. Longtemps laissé à l’abandon et objet d’actes de vandalisme, le cimetière juif qui surplombe la ville fait quant à lui l’objet de travaux de rénovation. "Certes, il n’y a plus de juifs à Constantine, mais il faut tordre le cou à beaucoup de contre-vérités concernant leurs relations avec les musulmans, assène Abdelmadjid Merdaci. Durant des siècles, ces deux communautés ont vécu en grande harmonie et dans la tolérance, y compris lors de la guerre d’Algérie. Les juifs font et feront toujours partie de l’identité algérienne à travers leurs apports inestimables au patrimoine national, de la musique aux habits en passant par les traditions culinaires."

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