Mohammed Agoumi

Directeur général délégué de LCL-Le Crédit Lyonnais

Publié le 7 novembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Directeur général délégué du Crédit Lyonnais depuis mars 2006, Mohammed Agoumi, 48 ans, rejoint une très grande maison – 25 000 collaborateurs -, qui vise une place de choix dans la banque de détail en France, sous sa nouvelle marque LCL. Voilà qui va le changer des bureaux feutrés des prestigieux cabinets d’audit où il uvrait jusqu’à présent. La silhouette élégante et élancée de ce diplômé de l’Essec (1979) est bien connue des banquiers français, dont il a accompagné les principales réformes pendant près de vingt ans. Il a également contribué à la modernisation des banques de son pays d’origine, le Maroc, dont il continue d’observer le dynamisme avec satisfaction.

Jeune Afrique : D’où vient votre spécialisation dans les questions bancaires ?
Mohammed Agoumi : De la première partie de ma carrière, pendant laquelle j’ai audité les banques françaises et les ai aidées à définir leur stratégie. Après avoir obtenu mon bac à Fès, au Maroc, je suis venu en France en 1974 pour faire une école de commerce. Comme beaucoup le font après de telles études, j’ai commencé dans un cabinet d’audit et de conseil, en l’occurrence Peat Marwick, qui m’a confié des missions dans le monde bancaire. En 1987, j’ai rejoint Eurogroup et continué dans le même secteur. J’ai notamment travaillé sur la gestion de titres avec des groupes importants comme Lazard, Crédit agricole ou BNP, ainsi qu’avec des sociétés de Bourse. C’était la grande époque de mutation des banques françaises.

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Dans quel état se trouvaient-elles ?
Très préoccupant. Elles avaient été nationalisées en 1981 et venaient d’être privatisées. Elles étaient mal organisées, inefficaces, avec des effectifs pléthoriques. Elles ne cherchaient pas le client, c’est le client qui les cherchait. Tout laissait penser qu’elles ne résisteraient pas à la concurrence internationale. Les experts parlaient d’une nouvelle sidérurgie, par allusion à la crise dont la France sortait à peine, qui s’était traduite par la suppression de milliers d’emplois. Finalement, elles se sont restructurées. Pour ma part, j’ai beaucoup participé à la recherche de synergies et d’économies d’échelle pour le groupe Crédit agricole, qui est aujourd’hui la maison mère de LCL.

Pour certaines missions, vous intervenez au Maroc. Quel regard portez-vous sur les banques marocaines ?
Vers la fin des années 1990, quand le Maroc a décidé d’ouvrir son système financier, j’ai travaillé avec des banques marocaines qui mettaient en place des salles de marchés et des sociétés de Bourse. À ce moment-là, et encore un peu aujourd’hui, les banques étaient principalement alimentées par les fonds des résidents à l’étranger. Et leur rentabilité traduisait leur capacité à drainer ces fonds, ce qui a permis au Groupe des Banques populaires d’être numéro un. Mais dans le pays, et notamment en région, les opérations étaient encore traitées à la main. Le secteur était très peu concurrentiel. Les banques pratiquaient des taux d’intérêt élevés et bénéficiaient de rentabilités exceptionnelles pour une activité assez restreinte.

Et aujourd’hui ?
Les changements sont considérables. La concurrence est très forte. Les banques sont parties à la conquête du grand public. Certaines veulent doubler le nombre de leurs agences en cinq ans. À quoi s’ajoute une forte capacité à adopter les nouvelles technologies, que j’ai notée dans d’autres secteurs. Je suis impressionné de voir comment les banques du royaume se sont converties à la monétique, à Internet et à la dématérialisation de l’argent.

Avez-vous l’intention de travailler avec le Crédit du Maroc, autre filiale de votre groupe ?
Ensemble, nous venons de mettre en place le concept de double relation bancaire. Il s’agit de faciliter la vie de tous ceux qui sont « à cheval » sur les deux pays en simplifiant la gestion de deux comptes, l’un au Maroc, l’autre en France. Il y a une version destinée aux étudiants marocains : ils ouvrent leur compte au Maroc et, une fois en France, ils sont automatiquement en relation avec l’agence LCL qui s’occupe d’eux. Le service va même jusqu’à se porter caution auprès des agences immobilières pour louer un logement. Dans un an, si le bilan est satisfaisant, nous étendrons ces initiatives aux autres implantations du groupe en Afrique.

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