Air Algérie fait peau neuve
La deuxième flotte aérienne d’Afrique poursuit son programme de restructuration pour faire face à la concurrence.
Douze nouveaux Boeing 737 et six ATR 72 d’une capacité de 66 places chacun : depuis 2000, Air Algérie s’est dotée de plus d’avions neufs qu’elle n’en avait jamais acheté au cours des vingt dernières années. Et ce n’est pas tout : pas moins de 14 appareils – dont 5 Airbus A-330 – devraient être livrés d’ici à 2005 pour un coût global de 740 millions de dollars financés par un emprunt obligataire. Longtemps attendu par ses quelque deux millions de clients, le renouvellement de la flotte de la compagnie nationale permettra de retirer une trentaine d’aéronefs avant la fin de l’année. Ces avions ont été vendus à une compagnie chypriote, mais Air Algérie continuera à en assurer la maintenance. La modernisation de la compagnie devrait permettre de réaliser des économies d’échelle, en rationalisant l’exploitation d’appareils proches techniquement et en réduisant les coûts de formation des équipages. Autre ambition : se spécialiser dans la maintenance grâce à un accord de coopération signé avec la Sogerma, une filiale du groupe EADS (European Aeronautic Defense and Space).
Air Algérie détient aujourd’hui 79 % de parts de marché sur le réseau domestique. Son activité a quasiment triplé à la suite de la faillite de Khalifa Airways en 2003. D’après le rapport du Conseil économique et social, le chiffre d’affaires de la compagnie a atteint 17,98 milliards de dinars (213 millions d’euros) au second semestre 2003, soit une hausse de près de 24 % par rapport à la même période en 2002. Sur la même période, le nombre de passagers transportés est passé de 2,7 millions à près de 3,2 millions, avec une nette amélioration du taux de remplissage national. Ces résultats positifs sont en partie imputables à la disparition de plusieurs compagnies, dont Air Liberté et Air Littoral. Et à une stratégie d’ouverture très limitée des liaisons aériennes du pays aux avionneurs étrangers. « En ouvrant notre espace, on pourrait pénétrer de nouveaux marchés en passagers et en fret, mais cela nous exposerait à la concurrence des compagnies étrangères sur des destinations où nous réalisons notre meilleur chiffre d’affaires », affirme un cadre d’Air Algérie. À titre d’exemple, le marché entre l’Algérie et la France constitue près des trois quarts de l’activité internationale de la compagnie, soit 48 % du trafic global passagers. Une manne que des accords de type « Open Sky » pourraient mettre à mal. Pourtant, le PDG d’Air Algérie, Tayeb Benouis, n’exclut pas une ouverture progressive et maîtrisée de l’espace aérien. Des négociations sont d’ailleurs en cours avec les États-Unis, le Canada, l’Afrique du Sud et certains pays d’Asie.
En attendant, la compagnie nationale doit faire face à la grogne de ses employés, notamment du Syndicat national des techniciens de la maintenance avions (SNTMA), qui revendiquent une hausse des salaires. Mais la direction d’Air Algérie fait la sourde oreille, assurant avoir déjà répondu aux attentes des salariés en juin 2003 lors de la révision de la convention collective. Pour pallier l’augmentation des prix du kérosène et des taxes aéronautiques, la compagnie a revu ses tarifs à la hausse à plusieurs reprises au cours des six derniers mois, notamment sur les lignes intérieures. Néanmoins, la direction préfère parler de « rattrapage » plutôt que d’augmentation. Les prix des vols intérieurs ont notamment été relevés de 10 % en juin. Reste que les passagers ne sont pas toujours satisfaits, loin s’en faut, par la qualité des prestations offertes par la compagnie. Il suffit pour s’en rendre compte d’écouter le témoignage des Franco-Algériens ou de lire les forums Internet sur le sujet. Si les pilotes de ligne jouissent d’une réputation (presque) sans faille, le personnel de bord, en revanche, n’est pas toujours logé à la même enseigne. Au point que la compagnie a pu être surnommée ironiquement « Air Couscous » par ses détracteurs. Conscients de la légitimité de certaines critiques, les dirigeants promettent une amélioration des prestations. Et espèrent que les problèmes de retard des avions seront résolus avec la reprise des travaux de la nouvelle aérogare d’Alger, dont la construction a été lancée il y a une vingtaine d’années. Le ministre algérien des Transports, Mohamed Maghlaoui, a indiqué que l’ouvrage serait livré en janvier 2006.
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