Pourquoi Air Algérie perd ses pilotes

Malgré sa flotte moderne et ses bons résultats, la compagnie est confrontée à un exil de ses commandants de bord.

Publié le 21 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Ce n’est pas encore l’exode, mais c’est déjà une belle saignée. Tout comme sa consur tunisienne Tunisair (voir J.A. 2434), qui a perdu 10 % de ses commandants de bord ces trois dernières années, Air Algérie doit faire face à une multiplication des départs de ses pilotes vers les compagnies aériennes des pays du Golfe. Officiellement, seulement une dizaine d’entre eux sont partis exercer leurs talents chez Fly Emirates, Qatar Airways, Oman Air, voire Atlas Blue, la nouvelle filiale low cost de la Royal Air Maroc. Mais, officieusement, le chiffre avancé est nettement plus important. Plus d’une centaine de pilotes sur 300 seraient concernés, confie un membre de la direction du Syndicat des pilotes d’Air Algérie.

Des salaires dix fois moins élevés
Deux raisons sont à l’origine de cette hémorragie : les salaires faramineux et les bonnes conditions de travail offertes par ces compagnies. Alors que, à Air Algérie, le salaire minimum d’un pilote est de 60 000 dinars (environ 600 euros), il peut atteindre 8 000 dollars (près de 5 500 euros), voire plus, chez Fly Emirates ou Qatar Airways. Dans un pays où le revenu minimum s’élève à 12 000 dinars, la tentation est donc très forte d’aller voir ailleurs. D’autant que « les candidats se voient offrir de nombreux avantages, explique Redouane Benzerroug, ancien pilote chez Khalifa Airways. En plus d’une rémunération nette d’impôts, ils ont droit à un contrat à durée indéterminée, à la scolarisation de leurs enfants dans des écoles huppées, à un fonds de pension de retraite attrayant, à des billets gratuits et à une formation professionnelle. » L’engouement pour les compétences algériennes est si fort que des chasseurs de têtes n’hésitent plus, aujourd’hui, à débarquer dans certains hôtels de luxe d’Alger pour y organiser des séances de recrutement.
Si les dirigeants d’Air Algérie reconnaissent l’existence du phénomène, ils s’efforcent d’en minimiser la portée. « Nous avons constaté le départ de douze de nos pilotes seulement », relativise un dirigeant de la compagnie. Il n’empêche, récemment interpellé par des députés de l’Assemblée nationale, le ministre des Transports, Mohamed Maghlaoui, n’a pas caché son impuissance face à la multiplication des départs. « Que faire si les recruteurs viennent à Alger proposer 10 000 euros par mois à nos pilotes ? » s’est-il lamenté.

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Toujours pas de directeur général
Le malaise est d’autant plus grand que le poste de directeur général d’Air Algérie n’est toujours pas pourvu plus de quatre mois après le décès de M’hamed Tayeb Benouis (voir encadré), et que, depuis cinq ans, la compagnie, dont le capital a été porté à 37 milliards de dinars, affiche une excellente santé. Son chiffre d’affaires est en hausse constante (voir infographie) et sa flotte a été renouvelée et renforcée : elle dispose aujourd’hui de 33 appareils, dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 5 ans. Des arguments qui, pourtant, ne dissuadent pas les candidats à l’exil

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