Uranium : l’Algérie affiche ses prétentions
le pays veut créer une filière nucléaire civile en exploitant avec des entreprises étrangères ses réserves d’uranium de la région de Tamanrasset.
Mines : l’année du rebond
« Le nucléaire n’aura pas la priorité dans les choix énergétiques futurs de l’Algérie », expliquait récemment en substance Chakib Khelil, ministre algérien de l’Énergie et des Mines. Rien de bien étonnant dans un pays qui recèle toujours d’immenses réserves pétrolières et qui dispose de ressources gazières non moins considérables. Mais l’Algérie n’a pas pour autant l’intention de négliger un potentiel désormais mieux connu en matière d’uranium.
Les réserves prouvées pour l’instant, identifiées dans le sud du pays, dans la région de Tamanrasset, s’élèvent à 29 000 tonnes. Une capacité dix fois inférieure à celle du Niger mais suffisante pour que les autorités algériennes prévoient d’exploiter ce potentiel pour enrichir l’uranium sur place afin de créer une véritable filière de nucléaire civil qui comporterait ses propres centrales. L’Algérie, qui a toujours défendu le droit des pays du Sud à disposer de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques dans le cadre d’un contrôle international, envisage la mise en fonctionnement d’une première centrale nucléaire à partir de 2020. Selon le ministre de l’Énergie, d’autres centrales suivraient, cinq ans après la première mise en service.
En attendant, des perspectives plus précises devraient bientôt se dégager à la suite de l’appel à manifestations d’intérêt que les autorités ont lancé pour l’exploitation de huit sites d’uranium.
Ces huit titres devraient être prochainement attribués à des investisseurs locaux et étrangers, retenus en fonction de leur expérience dans l’exploitation minière, mais aussi de leur expertise en matière de technologie, de gestion des ressources humaines, de sécurité ou encore de gestion de l’environnement. Les lauréats devront néanmoins travailler en joint-venture avec la Sonatrach, le géant public de l’énergie. Ou peut-être plus tard, lorsqu’il sera constitué, avec « le tout nouveau groupe public minier qui sera bientôt lancé pour englober les entreprises publiques actives dans le domaine », selon l’annonce faite le 2 décembre dernier par Chakib Khelil.
Deux réacteurs expérimentaux
Les partenaires intéressés ne manqueront pas, d’autant que l’Algérie a déjà conclu des accords de coopération dans le nucléaire civil avec l’Argentine, la France, la Chine et les États-Unis. Déjà, le pays dispose de deux réacteurs expérimentaux, à Aïn Oussera et à Draria, l’un ayant été vendu par la Chine tandis que l’autre était construit en partenariat avec l’Argentine.
Le groupe Areva, très implanté au Niger depuis plus de quarante ans, compte parmi les prétendants potentiels. D’autres sociétés venues de Chine ou l’entreprise publique argentine Invap, qui ont l’avantage d’être déjà connues grâce à leur implication dans les réacteurs expérimentaux, ou encore d’Afrique du Sud, pays de forte tradition minière, pourraient aussi être sélectionnées.
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