« Indépendance Cha Cha », premier tube panafricain
En 1960, Joseph Kabassele Tshamala, le fondateur de l’African Jazz, compose à Bruxelles son fameux « Indépendance Cha Cha », qui va devenir le « chant de ralliement de toutes les indépendances », selon le saxophoniste Manu Dibango.
Il était une fois… les indépendances de 1960
Quand il lance le cha-cha-cha, au début des années 1950, le violoniste cubain Enrique Jorrín ne se doute pas que ce nouveau rythme de danse va devenir, quelques années plus tard, un formidable outil de communication sur le continent africain. Grande figure de la scène congolaise, Joseph Kabassele Tshamala, dit le « Grand Kallé » (1930-1983), fondateur de l’African Jazz, choisit ce tempo pour composer à Bruxelles en 1960, au moment de la table ronde réunissant les leaders politiques congolais et les autorités belges, son fameux « Indépendance Cha Cha », qui va devenir le premier tube « panafricain ».
Une référence pour nombre d’artistes
« En quelques mois, alors que les nouveaux chefs d’État commandent en toute hâte à des compositeurs besogneux des hymnes nationaux plus insipides et empesés les uns que les autres, toute l’Afrique se met à chalouper en fredonnant cette chanson lumineuse », écrivent Gérald Arnaud et Henri Lecomte dans Musiques de toutes les Afriques (Fayard). Un demi-siècle plus tard, ce symbole fort des indépendances reste une référence pour beaucoup, en particulier pour les artistes.
Un chant de ralliement
« Le titre me rappelle automatiquement un moment historique de ma vie, raconte Lokua Kanza. Je devais avoir deux ans quand l’indépendance du Congo a été proclamée, mais j’ai interprété cette chanson en tant que guitariste, plusieurs fois dans des bars ou cafés select là-bas. »
Ray Lema confie également avoir déjà interprété ce titre. « “Indépendance Cha Cha” m’inspire simplement les souvenirs d’une liesse générale au pays, liesse que je ne trouve plus justifiée aujourd’hui. Nous sommes toujours aussi dépendants », commente le musicien. À la naissance du morceau, Manu Dibango était à Bruxelles. S’il n’intervient pas sur ce titre, il participe aux disques qu’enregistre alors, dans la capitale belge, Kabassele. « “Indépendance Cha Cha” a été le chant de ralliement de toutes les indépendances de l’Afrique francophone », souligne le saxophoniste.
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