Médias : un coup de « Gbich ! »

Depuis dix ans, le titre satirique livre sa bouffée hebdomadaire de blagues, caricatures et BD qui égratignent tout le monde sans jamais prendre parti. À chaque montée de mercure, ses ventes explosent.

Le dessinateur Lassane Zohoré, fondateur et directeur de la publication. © Vincent Fournier/J.A.

Le dessinateur Lassane Zohoré, fondateur et directeur de la publication. © Vincent Fournier/J.A.

Publié le 3 juin 2010 Lecture : 2 minutes.

Abidjan, la saga-cité
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Mieux vaut en rire qu’en pleurer. C’est sans doute parce qu’une bonne partie des lecteurs de presse ivoiriens ont fait leur cet adage que Gbich !, « l’hebdomadaire d’humour et de BD qui frappe fort », connaît le succès qui est le sien depuis dix ans.

Créé en 1999 par une équipe de joyeux drilles, regroupée autour de Lassane Zohoré, ancien du groupe de presse Fraternité-Matin et de l’agence de publicité McCann, Gbich ! (onomatopée qui signifie « coup de poing » en Côte d’Ivoire) gagne le gros de ses aficionados aux débuts de la crise politique ivoirienne qui s’ouvre avec le coup d’État du 24 décembre 1999.

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Cet objet éditorial non identifié n’épouse pas les forts clivages qui divisent la presse et la classe politique ivoiriennes, mais réconcilie tout le monde autour de l’humour et de la dérision.

Un antidépresseur en kiosque

Ses titres et dessins de une, toujours inspirés, sont tels des révélateurs d’ambiance. À la fin de 2009, deux titres expriment ainsi le désarroi d’une population paupérisée : « On a reporté les élections, reportez les fêtes aussi » et « On prépare les fêtes de faim d’année ». À chaque montée de mercure, les ventes de Gbich ! augmentent, comme si l’hebdo jouait, pour ses lecteurs, un rôle d’antistress, voire d’antidépresseur.

Le journal fait vivre des personnages fictifs, parmi lesquels des archétypes, tels l’avide « biznessman » Cauphy Gombo ou le corrompu sergent Deutogo, qui permettent de mieux croquer les dérives morales de la société.

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Certains membres de la corporation policière ne s’y sont pas trompés, qui ont, il y a quelques années, exercé des violences et des intimidations contre le titre satirique.

Gbich ! raille aussi, chaque semaine, le président Laurent Gbagbo – qui se proclame « fan » du titre – et la classe politique ivoirienne dans son ensemble, mais sans jamais prendre parti ni attiser les dissensions.

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Désormais solidement installé dans le paysage médiatique ivoirien, malgré une baisse des ventes (de 25 000 exemplaires par semaine durant les années de crise, le journal en vend environ 10 000 par numéro actuellement, ce qui en fait le troisième hebdo du pays), Gbich ! est aujourd’hui le doyen d’un groupe de presse ambitieux, Gbich éditions, qui détient notamment le féminin Go Magazine – lancé en 2004 et devenu le premier hebdo du pays avec plus de 20 000 ventes par numéro –, et Allo Police (5 000 exemplaires par semaine), spécialisé dans les faits divers, lancé en 2009. Le groupe, qui dispose déjà d’un site web ­(gbich.com), songe désormais à s’installer solidement sur la Toile et à investir les territoires de la radio et du dessin animé.

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