Gabon : la filière bois sort de l’ornière
Un an tout juste après l’entrée en vigueur de l’interdiction d’exporter les grumes, décidée pour favoriser la transformation locale, les forestiers et les industriels se sont réorganisés.
À la poursuite du Gabon vert
Repoussée du 1er janvier au 15 mai 2010 à la demande des opérateurs pris de court par son entrée en vigueur « brutale », l’interdiction d’exporter le bois en grumes porte ses premiers fruits. Le nombre d’unités de transformation a augmenté de 13,4 %, avec 93 usines fin 2010 contre 82 en 2009, les capacités industrielles passant de 1,6 million de m3 à 1,625 million de m3 (+ 1,5 %).
Du côté du français Rougier, l’un des principaux opérateurs du secteur, « une batterie de solutions a rapidement été mise en œuvre, explique Paul-Emmanuel Huet, responsable environnemental et sociétal du groupe. À défaut de pouvoir les exporter, nous avons développé la vente de grumes d’okoumé au Gabon, l’essence étant désormais bien valorisée par les industriels locaux. Nous l’avons couplée à la valorisation de la certification, qui est un plus incontestable pour la vente des produits, notamment en Europe ». Avec 688 000 hectares labellisés, Rougier est l’une des trois entreprises ayant obtenu pour leurs exploitations gabonaises la certification de bonne gestion forestière Forest Stewardship Council (FSC), garantissant le respect des volets environnementaux et socioéconomiques.
Réaction rapide
Rougier Gabon, qui dispose d’une usine de contreplaqué à Owendo (près de Libreville) et de deux scieries, à Mbouma Oyali (sud-est du pays) et Mévang (Ouest), a dans le même temps accéléré l’évolution de son outil industriel. La capacité de l’usine de Mévang sera doublée à partir du deuxième semestre 2011, grâce à une deuxième ligne de production consacrée aux bois divers (hors okoumé), et une nouvelle scierie sera opérationnelle avant la fin de l’été 2011 à Ivindo (Nord-Est). « Ces évolutions de Rougier Gabon, dont les effectifs sont d’environ 1 500 personnes, devraient générer une centaine d’emplois supplémentaires », précise Paul-Emmanuel Huet.
Autre acteur de poids, la Société nationale des bois du Gabon (SNBG), jusqu’à présent spécialisée dans la commercialisation des grumes, a également investi, en partenariat avec l’italien Cremona, dans la construction d’un complexe industriel d’une capacité de 250 000 m3/an. Établi à Owendo, il sera opérationnel avant la fin de l’année.
Reprise de Plysorol
Quant à Leroy Gabon et Pogab, les filiales de Plysorol, ils reviennent de loin. Après le verdict rendu par la cour de cassation de Libreville fin janvier, le groupe libanais John Bitar & Co. en a repris le contrôle au chinois Guohua Zhang. L’investissement prévu en 2011-2012 pour restructurer le fabriquant de contreplaqué et ses deux filiales gabonaises s’élève à 25 millions d’euros.
Auparavant traités en France, les contreplaqués en okoumé seront désormais fabriqués directement au Gabon par Pogab, dont le groupe envisage de porter les effectifs de 275 à 1 000 employés – ce qui pourrait permettre la réintégration des salariés licenciés. Côté exploitation, Leroy Gabon, qui dispose d’un permis d’exploitation pour 600 000 ha d’okoumé, doit reconstruire des routes, des ponts et réorganiser sa logistique. L’entreprise prévoit de mettre en place un plan d’aménagement pour certifier le bois.
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