Parce que ni la gouvernance ni leurs conditions de vie n’ont changé depuis le coup d’État du 5 septembre 2021, nombreux sont les Guinéens qui s’interrogent sur la légitimité et l’intérêt d’une transition qui s’éternise.
Loin d’être une surprise, le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Cedeao est la conséquence des positions inconciliables des juntes au pouvoir et des représentants de l’organisation sous-régionale. Il faudra donc plus qu’un appel à l’unité pour les réconcilier.
Quelle place pour le continent en 2024 dans les relations internationales ? Dans un monde fragmenté par des tensions diverses, la survie des États africains dépendra de leur capacité collective à créer, chacun chez soi, les conditions d’un réel développement social.
Malgré les efforts de la communauté internationale, les combats s’intensifient, principalement au Darfour et à Khartoum, empêchent l’acheminement de l’aide humanitaire et condamnent des milliers de personnes à chercher refuge dans les pays voisins. En cause, selon Amadou Sadjo Barry : la multiplicité d’acteurs.
Les manifestations contre la présence militaire française sont monnaie courante sur le continent. Pourtant, elle devrait être moins un sujet d’inquiétude que le devenir incertain des transitions militaires en cours dans plusieurs pays.
Face aux bouleversements géopolitiques provoqués par la guerre en Ukraine, le continent ne peut pas rester dans une logique de subordination l’obligeant à choisir une puissance plutôt qu’une autre. Il doit faire émerger une politique étrangère africaine.
En fondant sa décision d’infliger des sanctions au Mali sur la seule durée de la transition, la Cedeao révèle bien des faiblesses. Et si le bras de fer engagé avec Bamako était plutôt l’occasion d’une autocritique pouvant déboucher sur une meilleure prévention des coups d’État et un réel accompagnement des transitions ?
En tenant à l’écart les dirigeants politiques lors du sommet Afrique-France en octobre dernier, Emmanuel Macron souhaitait renouveler ses relations avec le continent. Mais cela ne peut se faire que si l’Afrique elle-même réinvente sa conception du pouvoir.
Un sommet sur les économies africaines ne suffira pas pour relancer le continent. Soixante ans après les indépendances, tout un environnement politique et institutionnel reste à concevoir.
Le continent doit cesser de lier développement et aide internationale et de n’envisager sa croissance et la relance de son économie que comme le résultat de la solidarité du reste du monde.
Contester les élections du 18 octobre ne suffit pas, c’est toute la culture politique en Guinée qui doit évoluer. Huit personnalités, la plupart âgées de moins de 40 ans, proposent d’ouvrir le dialogue pour créer, enfin, une vraie nation démocratique.
Alors que le continent s’interroge sur les mesures à prendre pour l’« après-Covid-19 », il est dommage que le débat se focalise sur les questions de finance et de dette. Plus largement, ce sont les fondements mêmes de la vie commune qui doivent être repensés.