Alors que l’approche à dominante sécuritaire employée pour endiguer le jihadisme est loin d’avoir donné les résultats escomptés dans les pays de l’AES, certains pays de la côte ouest-africaine se laissent encore tenter par cette recette, ce que déplore Bakary Sambe.
Arrivée des régimes militaires, inséparabilité des imaginaires religieux et nationalistes, revendications identitaires… Au Sahel, les conditions propices à la montée de l’islam politique semblent désormais réunies.
Le Sénégal s’est longtemps cru à l’abri du jihadisme, protégé par son islam pacifique et son armée aguerrie. Les attaques et les menaces venues des groupes installés au Mali et en Mauritanie chassent cette illusion.
En Afrique de l’Ouest comme au Mozambique ou dans la région des Grands lacs, on assiste aujourd’hui à une progression des groupes jihadistes qui se nourrit des erreurs d’analyses commises depuis plusieurs années. Rien de permet de croire à une victoire rapide.
Entre débats populistes et focalisation sur le Maghreb, la France semble oublier qu’il existe des États laïcs en Afrique de l’Ouest. Et qu’elle aurait beaucoup à apprendre de leur exemple.
Là est le cœur du nouveau dilemme sahélien : parvenir à concilier la position difficile des États africains, celle de leurs partenaires internationaux, l’impératif de gestion des urgences sécuritaires et la nécessité d’un changement de paradigme face à l’échec patent du tout-militaire.
Au Sahel désormais, le facteur islamique est un levier de politique étrangère, et même les puissances occidentales ont fini par se convertir à la diplomatie religieuse.
Pour le directeur du Timbuktu Institute, si les solutions militaires sont un mal nécessaire pour endiguer la menace grandissante du terrorisme islamiste, il faut avant tout prévenir la radicalisation par l’éducation et par la justice sociale.