Les attaques xénophobes qui ont eu lieu à Johannesburg et Pretoria, début septembre, ont été instrumentalisées à travers une propagande, alimentée par une campagne de désinformation sur les réseaux sociaux, visant à faire passer l’Afrique du Sud pour un pays hautement négrophobe et antipanafricain.
Les soupçons qui pèsent sur le chinois Huawei, accusé d’aider de nombreux États africains à surveiller les opposants et à réprimer les voix dissidentes, prouve l’urgence d’ouvrir un débat démocratique pour contrecarrer les risques que font peser la colonisation numérique en cours, bien plus sournoise que la précédente vague d’invasion.
Face à la haine en ligne, certaines plateformes semblent, enfin, sortir de l’immobilisme. Mais les efforts consentis demeurent insuffisants et manquent souvent de constance.
Internet est loin d’être en bonne santé en 2019. L’accaparement de la Toile par huit entreprises américaines et chinoises est l’une des grandes menaces qui pèsent sur la santé du réseau.
L’annonce, à la mi-mai, de l’exploitation d’une faille de sécurité dans l’application WhatsApp a provoqué une panique mondiale inégalée dans l’histoire récente du cyberespionnage. Et pour cause : potentiellement 1,5 milliard d’utilisateurs risquaient d’être espionnés par l’un des logiciels les plus intrusifs du marché, Pegasus, développé par l’entreprise israélienne NSO.
Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange, arrêté à la mi-avril par la police britannique dans l’ambassade d’Équateur à Londres, n’a fait que divulguer des informations d’utilité publique, selon l’avocate camerounaise Julie Owono.
Cette vidéo de Barack Obama traitant son successeur Donald Trump d’idiot face caméra paraît inimaginable. Et elle l’est, en effet. Il s’agit d’un deepfake. Dernière innovation en date dans l’arsenal de désinformation, cette technique utilise l’intelligence artificielle pour modifier les visages et les voix.
Grand mal de ces dernières années, l’épidémie de désinformation semble avoir trouvé un remède : le fact-checking, ou vérification des faits. La technique, déjà répandue dans le monde, notamment en Europe ou en Amérique du Nord, fait progressivement son incursion dans le paysage cybernétique africain.
À moins de construire une muraille en ligne, contrôler l’information dans les États africains créera plus de problèmes que cela n’en résoudra, et plus de pertes que de profits, selon Julie Owono.
Depuis l’entrée en vigueur dans l’Union européenne du Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD), le monde semble être divisé entre les états qui protègent la vie privée de leurs citoyens et… les autres. Les pays africains se situent plutôt dans cette seconde catégorie.
Le conflit qui traverse actuellement le Cameroun, nourri par une propagande de désinformation incitant à la haine, révèle les difficultés qu’ont les réseaux sociaux à traquer et supprimer les contenus problématiques publiés sur le pays.
De plus en plus d’État mettent en place un arsenal législatif destiné à lutter contre la diffusion de fausses nouvelles. Mais si l’objectif affiché est louable, l’efficacité des dispositifs est loin d’être acquise et, surtout, les dérives potentielles sont nombreuses.
« Revenge porn », menaces sexistes en ligne… En Afrique, les données sur la cyberviolence envers les femmes sont peu récoltées. Le continent doit plus que jamais prendre ce problème au sérieux, sinon il se privera des effets positifs de l’inclusion des femmes dans le numérique, analyse Julie Owono, directrice exécutive d’Internet sans frontières.